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  • Panique en Europe : l’appel au secours de la Grèce

    Hier l’Agence de notation Standard & Poors a abaissé la note d’émetteur souverain du Portugal et rétrogradé la Grèce dans la catégorie « junk bond » [Euractiv.fr]. Conséquence immédiate : un mardi noir et de nouveaux pronostics alarmants pour les bourses européennes [Les Echos].

    Les tensions augmentent d’une heure à l’autre et les déclarations optimistes du Ministre des Finances grec laissent la place au désespoir et à la colère [Le Monde]. Les pressions d’Athènes sur l’action conjointe de la Commission européenne, de la BCE et du FMI n’aboutissent pas [Ouest France] et le gouvernement de Papandreou continue à assister impuissant aux tergiversations de l’Allemagne sur l’activation du plan de sauvetage.

    Pendant ce temps une date butoir s’approche à grand pas : le 19 mai prochain, une obligation grecque souveraine d’une valeur de 9 milliards d’euros arrive à échéance. Les tensions montent donc d’un cran, le gouvernement grec ne pouvant plus emprunter en raison de taux extrêmement élevés, comme l’a annoncé le Ministre des Finances Papaconstantinou.

    Depuis hier, la crainte généralisée repose sur la possibilité d’un effet domino en Europe, qui secouerait à son tour des pays plus exposés comme le Portugal, voire le reste de la zone euro.

    Pour répondre à l’urgence, le Président du Conseil européen Herman Van Rompuy souhaite convoquer une réunion de chefs d’Etat et de gouvernement de l’Eurozone, autour du 10 mai prochain, soit au lendemain des élections régionales en Allemagne [Le Figaro].

    Gageons qu'à cette date, la chancelière allemande soit plus souple quant à l’opportunité d’activer finalement ce plan de sauvetage tant attendu.

  • Nick Clegg ou le désir de changement

    Qui sont ces Libéraux-démocrates, qui ont mis sens dessus dessous la campagne électorale britannique en parvenant, un peu comme la princesse Diana, à cristalliser la contestation contre l'establishment alors qu'ils en sont les enfants ? Pour répondre à cette question, il faut d'abord dire qui sont leurs leaders, beaucoup plus visibles que leurs représentants dans les circonscriptions, très certainement faute de moyens, les Lib Dems ayant jusqu'à maintenant une image de « losers ».

    Le troisième parti du Royaume-Uni est dirigé par Nick Clegg. Ce fils de banquier, élevé dans la prestigieuse école privée Westminster puis à Cambridge, a d'incontestables talents d'orateur, qu'il va essayer d'utiliser ce soir lors du deuxième débat télévisé entre leaders de la démocratie britannique. Après des études tout à fait dignes des classes supérieures, il s'est lancé dans une carrière internationale en étudiant au College of Europe de Bruges, un vivier de fonctionnaires européens, puis en travaillant auprès du commissaire au Commerce Leon Brittan, avant de devenir lui-même député européen.

    Son profil a de quoi déplaire en Grande-Bretagne ; « Qu'y a-t-il de britannique en lui ? », demandait même le « Mail on Sunday », un dominical de droite. C'est pourquoi la présence à ses côtés de Vincent Cable, l'homme des affaires économiques, a été cruciale. Surnommé « Saint Vince », parce qu'il s'est taillé la réputation d'avoir prédit la crise financière, ce que beaucoup contestent, cet homme de cinquante-sept ans, de quatorze ans l'aîné de Clegg, est perçu comme un grand-oncle sage qui sait dire leur vérité aux banquiers.

    Du point de vue du positionnement politique, les Lib Dems sont encore considérés comme de centre gauche. Ses sympathisants veulent travailler avec les travaillistes, beaucoup plus qu'avec les tories. Ironiquement, alors que Nick Clegg est qualifié aujourd'hui, de façon un peu ridicule, d'homme le plus populaire depuis Winston Churchill, les Lib Dems sont issus de la fusion en 1988 du Parti social-démocrate, un parti formé en 1981 par des déçus du Labour, dont ils déploraient la dérive à gauche, avec les libéraux, un vieux parti d'abord libéral dans le sens classique du terme, puis également social et auquel a appartenu le plus grand Britannique du XX e siècle.

    Ce qu'il reste de gauche chez les Lib Dems se trouve principalement dans leurs positions antinucléaires, et dans leur sévérité contre les banques après la crise. Ils proposent la scission des activités d'investissement de la banque de détail, une limitation des bonus en cash à 2.500 livres, etc. Les Lib Dems ont enfin une politique très ambitieuse de redistribution fiscale. Des positions peut-être plus à gauche que celles des travaillistes.

    Cependant, ils ne sont pas des alliés entièrement naturels. On touche là à une des principales critiques faites contre les Lib Dems : celle d'opportunément picorer les politiques les plus populaires, sans en régler les contradictions, voire même d'avoir un double discours aux échelons local ou national. Toujours est-il que cohabitent en leur sein, d'une part, les « porteurs de sandales » obsédés par l'écologie et, d'autre part, sous l'impulsion notamment de Nick Clegg, une « middle class » en révolte contre le système qui n'est pas très éloignée de celle qui peuple les rangs des conservateurs, décidée à réduire les déficits de l'Etat et à ouvrir plus à la concurrence les services publics.

    Désormais, devenus la cible numéro un des autres candidats, il est aisé de voir où les Lib Dems sont les plus vulnérables. D'abord, malgré leur prétention au « parler vrai », ils ne sont pas tellement plus transparents sur les coupes dans les dépenses publiques que les autres. Ensuite, même s'ils sont moins touchés par le scandale des notes de frais à Westminster et s'ils deviennent de moins en moins une alternative stérile au vote Labour grâce à leur percée dans les sondages, voter Lib Dems revient quand même à reconduire le Labour au pouvoir, compte tenu du système politique. De même, Nick Clegg est europhile dans un pays qui ne l'est pas. Il n'exclut pas que le Royaume-Uni rejoigne un jour l'euro. Leur politique contre la délinquance est jugée par ailleurs très permissive. Enfin, même s'ils peuvent se prévaloir d'avoir voté contre la guerre en Irak, leur décision de ne pas reconduire le programme de dissuasion nucléaire Trident peut paraître téméraire.

    Le problème pour les travaillistes, et surtout les conservateurs, est que l'électorat ne s'intéresse pas aux détails des politiques - même excentriques -présentées à grand renfort de chiffres souvent incompréhensibles. Les Lib Dems ont tout simplement capté le désir de changement, au détriment des tories. En tout cas pour l'instant. Le risque est donc grand qu'une coalition doive être trouvée pour gouverner le pays. Un critère risque alors de déterminer le résultat des négociations : une réforme électorale donnant plus de représentants au troisième parti britannique. « On me dit que Gordon Brown va faire à Nick Clegg une proposition qu'il ne pourra pas refuser », écrit Philip Stephens, commentateur politique au « Financial Times ». Si le Premier ministre, Gordon Brown, risque quand même de sauter, Nick Clegg voyant en lui un « politicien désespéré », l'attachement des conservateurs au système électoral actuel pourrait leur coûter cher.

    Source : http://www.lesechos.fr/info/inter/020492009887-nick-clegg-ou-le-desir-de-changement.htm

  • FMI : la zone euro à la traîne de la reprise mondiale

    Par Jean-Pierre Robin



    Dans la zone euro, le FMI a revu à la baisse de 0,1 point à 1% sa prévision de croissance 2010, même si la France, entre autres, s'en tire plutôt mieux avec un pronostic de 1,5% au lieu de 1,4%.

    La météo économique mondiale se résume en trois chiffres: la production (le PIB) augmentera de 10% cette année en Chine, de 3,1% aux États-Unis et de 1% dans les pays de la zone euro. Pour l'ensemble du monde, la croissance s'établirait à 4,2% en 2010 et 4,3% en 2011. Avec une nette césure entre les pays avancés, dont les perspectives d'expansion se situent autour de 2,3%, alors que les économies «émergentes ou en développement»galopent à un rythme de 6,3%.

    Ces nouvelles «Perspectives de l'économie mondiale» du FMI montrent que «la reprise évolue mieux que prévu. Mais des difficultés nouvelles et exceptionnelles ont fait jour» met en garde Olivier Blanchard, l'économiste en Chef du Fonds. Il qualifie de «tiède» le redémarrage dans les pays avancés, qui se retrouvent encore à un niveau de production inférieur de 7% à ce qu'il aurait sans la crise. Dans la zone euro, le FMI a même revu à la baisse de 0,1 point à 1% sa prévision de croissance 2010, même si la France, entre autres, s'en tire plutôt mieux avec un pronostic de 1,5% au lieu de 1,4%.

     

    Dépendance au crédit

    Aux Européens en droit de se demander pourquoi leurs économies se ressaisissent bien moins vite que l'Amérique, Olivier Blanchard avance deux explications principales. L'Europe est «plus dépendante du crédit bancaire que les États-Unis où les financements de marché jouent un plus grand rôle pour les entreprises et où ils ont redémarré plus fort». Par ailleurs «les réponses de politique économique, ont été plus tardives et moins fortes en Europe» ajoute-t-il.

    C'est dire que le FMI ne désavoue nullement les plans de relance budgétaires, dont Dominique Strauss-Kahn, leur patron, a été l'un des partisans les plus déterminés, dès janvier 2008. Mais «il est urgent de mettre en place des stratégies de rééquilibrage budgétaire à moyen terme» soulignent aujourd'hui les mêmes experts. Ils observent que les déficits budgétaires des pays avancés atteignent désormais 9% du PIB en moyenne et que «le ratio dette sur PIB devrait dépasser 100% en 2014» si rien est fait.

     

    Rééquilibrage des politiques économiques

    La situation est d'autant plus délicate qu'un ajustement trop brutal des finances publiques risque de freiner une croissance déjà vacillante. D'où le conseil à double détente «d'appliquer intégralement les mesures de relance budgétaire prévues pour 2010, sauf dans les pays qui enregistrent déjà une forte hausse de leur prime de risque et qui doivent commencer à rééquilibrer leur budget dès maintenant», comme la Grèce. Mais la plupart des pays avancés devraient entreprendre un rééquilibrage budgétaire substantiel en 2011.

    Les économies émergentes sont à l'inverse confrontées «à un afflux de capitaux, une bonne chose en soi, mais qui peut devenir excessive», avertit Olivier Blanchard. Il reprend une de ses antiennes favorites: «les monnaies d'un certain nombre de pays émergents restent sous-évaluées, dans des proportions considérables en ce qui concerne le yuan». Il appelle de ses vœux une réévaluation de ces devises, tant vis à vis du dollar que de l'euro, seule façon de donner de l'oxygène aux exportations occidentales et de calmer les risques de surchauffe en Asie. Ce rééquilibrage des politiques économiques sera au centre des débats du G20, dont les ministres des Finances se réunissent vendredi à Washington.