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Le libéralisme est-il de gauche ?

Le Monde.fr | 29.09.2015 à 15h55

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Affirmant appartenir au « camp du progrès », le ministre de l’économie Emmanuel Macron continue de défendre son positionnement « social-libéral » sur les 35 heures ou le statut des fonctionnaires. Mais la question demeure, le libéralisme est-il une valeur de gauche ou de droite ? Les réponses de Liêm Hoang Ngoc, ancien député au Parlement européen, fondateur de la Nouvelle Gauche Socialiste et de Guy Sorman, écrivain, auteur de La solution libérale (1984)

 

Par Guy Sorman : « Le libéralisme est évidemment de gauche et l’a toujours été, à condition que l’on s’entende sur le sens des mots plutôt que de balancer des slogans. Le libéralisme tout d’abord : ce n’est pas une idéologie, ni un modèle déposé, mais une méthode expérimentale au service d’une ambition. Cette ambition et conviction est qu’il est possible de vivre civilement en société, bien que nous soyons tous différents et que, dans cette société perfectible, chacun devrait pouvoir s’épanouir au mieux de ses capacités en disposant du plus vaste choix possible, qu’il s’agisse de sa vie publique ou privée. Parvenir à cette liberté de choix exige une réflexion sur les institutions. Etre libéral n’exige pas de se dresser contre l’Etat mais contre ses dérives bureaucratiques, voire totalitaires. De tradition, les libéraux sont favorables à la démocratie locale, parce qu’elle s’exerce sous le contrôle rapproché des citoyens ; l’Etat central inquiète quand il devient opaque. Etat nécessaire, mais qu’il convient de superviser pour que chacun prospère. Prospérité privée et publique : les libéraux - qui ne sont pas un parti, mais une fédération d’activistes francs-tireurs - sont favorables au libre choix de leur conjoint, homosexuel ou pas, de leur consommation de substances illicites ou pas, et de migrer quels qu’en soient les motifs. En économie, à quoi l’on tente de réduire le libéralisme, nous sommes favorables à l’économie de marché, quand elle permet aux entrepreneurs d’innover. Nous sommes contre le capitalisme s’il consacre le règne des monopoles, publics ou privés.

Le libéralisme, ainsi défini, est-il de gauche ? Oui, si l’on considère qu’être de gauche est un pari sur la perfectibilité de la société et l’acceptation de sa diversité : les libéraux sont des progressistes. Si la gauche est le placage forcé d’une Idée, totalitaire, sur la société qui n’en veut pas, le libéralisme n’est pas de gauche. Si la gauche est une posture prétentieuse qui rejette comme ennemis de classe, tous ceux qui n’adhèrent pas à l’Idée et au Pouvoir du moment, le libéralisme n’est pas de gauche.

 

Quand la gauche n’est plus capable d’autocritique, le libéralisme dont l’autocritique est l’essence, n’est plus de gauche. Le libéralisme est de gauche quand la gauche est à gauche, c’est-à-dire progressiste mais non doctrinaire et modeste. Le libéralisme est modeste ou il n’est pas ».

 

Par Liêm Hoang Ngoc : « Les « libéraux de gauche » se parent du costume réformiste social-démocrate pour travestir leur adhésion aux idées les plus conservatrices. L’horizon de la social-démocratie est le socialisme, alors que celui du libéralisme reste le capitalisme. La stratégie réformiste consiste à construire les rapports de force nécessaires pour progresser, dans le cadre de la démocratie sociale, vers le contrôle collectif de la production et de la redistribution des richesses. L’horizon du libéralisme, même affublé du préfixe social, reste le contrôle par l’actionnaire du surplus, que la « politique de l’offre » cherche à maximiser. Ces marges augmentent de surcroît à mesure que les « réformes structurelles » du marché du travail affaiblissent le pouvoir de négociation des salariés. Le principe d’équité, qui se distingue de l’égalité, prétend placer les pauvres sur la même ligne de départ que les riches avant que la compétition, nécessairement porteuse d’inégalités, ne s’engage. L’adage populaire « Tous les mêmes, à quoi bon aller voter ?! » n’est alors pas sans fondements, tandis que la tentation d’un gouvernement de technocrates germe dans l’esprit de ceux des libéraux qui méprisent le suffrage universel. Dans la zone euro, l’ordo-libéralisme s’est d’ores et déjà insinué dans les traités, directives, règlements, ainsi que dans les mémorandums de la Troïka. Il interdit désormais toute autre politique, comme l’expérimente amèrement Alexis Tsipras en Grèce ».


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