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  • Exit les langues régionales : la France au français !

    « Nos enfants parlent texto, il faut renforcer le français et ce n'est pas en faisant appel aux langues régionales », déclarait l'un des opposants aux langues régionales, Jean Pierre Fourcade, sénateur UMP lors du débat qui a eu lieu le 18 juin au Sénat à propos de la modification de la Constitution.

    En effet, les sénateurs ont voté à la majorité de 216 voix contre 103 un amendement demandant le retrait de la référence aux langues régionales dans l'article 1 de la Constitution.

    Lorsque la diversité linguistique et culturelle est prônée dans le monde entier, la France est plus nationaliste que jamais. Il s'agit d'un des derniers pays en Europe à refuser de donner une place officielle aux langues régionales. À l'heure où la France est épinglée par les rapports internationaux sur son traitement des problématiques minoritaires, elle ne montre pas le visage d'un pays tolérant, bien au contraire.

    Le texte prévoyant l'inscription des langues régionales dans la Constitution avait pourtant été adopté à la quasi-unanimité à l'Assemblée nationale, mais au Sénat la majorité UMP, ainsi que les communistes, les centristes, les radicaux et quelques socialistes ont voté un amendement demandant son retrait.

    Déjà avant-hier, l'Académie française estimait que les langues régionales étaient un danger pour l'identité nationale, estimant que l'exclusivité du français était nécessaire dans un pays qui n'aime ni la langue anglaise, ni les langues régionales, ni certainement les autres langues dans la monde.

    Doit-on en conclure qu'en France, le mot identité ne peut se prononcer qu'en langue française ? Ce vote du Sénat est au moins une belle preuve d'un jacobinisme farouche où la diversité n'a pas sa place. Alsaciens, Basques, Bretons, Catalans, Corses, Occitans, Flamands, Bourguignons... doivent-ils se considérer comme des étrangers ?

    A quoi joue-t-on à l'UMP ? La France a besoin de réformes profondes, de réformes structurelles, culturelles, politiques et économiques. Ce refus du Sénat est décidément de très mauvaise augure pour le succès des réformes que nous espérions. C'est à l'UMP de montrer l'exemple, de montrer le chemin de la modernité et des réformes.

    Claude Guillemain

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  • Après le « non » irlandais, quel avenir pour le traité de Lisbonne?

    Le référendum irlandais vient de rappeler une nouvelle fois la méfiance dont fait l'objet l'Union européenne. Mais il est difficile de voir une alternative au compromis trouvé dans le traité de Lisbonne.

    Entretien avec Peter Hägel, politologue, maître de conférence à American University of Paris.

    Comme interpréter le « non » irlandais ? Faut-il y voir la répétition des référendums de 2005, lorsque la France et les Pays-Bas avaient rejeté la Constitution européenne ?

    A des degrés variables, l'opinion eurosceptique s'exprime dans tous les pays membres de l'Union, mais ses motivations changent d'un pays à l'autre. Rappelons que dans le cas français, le rôle déterminant était joué par le refus d'une Europe jugée trop libérale, tandis que le « non » néerlandais était porté par la critique des transferts communautaires et la peur d'un « petit » pays d'être dominé par les « grands ». Dans le référendum irlandais, le scénario a été encore différent : le « non » a mobilisé une coalition extrêmement hétéroclite, allant des catholiques conservateurs soucieux de préserver la pénalisation de l'IVG aux agriculteurs réticents aux changements annoncés de la politique agricole commune, en passant par des voix libérales comme le groupe « Libertas », soutenu par les milieux d'affaires de l'île, qui voit dans l'Union une menace contre la politique d'impôts bas menée par le pays.

    Aucun traité au monde n'est capable de s'accommoder de critiques aussi différentes, voire contradictoires. Et le problème n'est peut-être pas là, mais dans la mobilisation des opinions positives : tous les sondages montrent que la majorité des citoyens d'Europe, en Irlande encore plus qu'ailleurs, soutient l'intégration européenne. Au lieu de se focaliser sur le camp du « non », les responsables européens devraient se demander pourquoi tant d'Européens choisissent de ne pas voter du tout ; en Irlande, le taux de participation n'était que de 53,4  %  ! De toute évidence, l'Union communique mal avec ses citoyens, qu'il s'agisse de rappeler les avancées réalisées que d'expliquer l'importance de ses traités.

     

    Quel est le scénario le plus probable pour sortir de la crise actuelle ?

    A l'exception de quelques eurosceptiques avérés – comme le président de la République tchèque Vaclav Klaus –, la plupart des leaders européens, en particulier les Britanniques, ont réagi en réaffirmant que le traité n'est pas mort et que la ratification devrait se poursuivre. Ils semblent vouloir dire que c'est l'Irlande qui doit maintenant trouver une solution – ce qui paraît frappé du coin du bons sens, étant donné qu'on voie mal une alternative au traité de Lisbonne. Par le passé, on sortait de l'impasse en trouvant des solutions particulières à des intérêts particuliers, comme dans le cas du Danemark en 1992, qui a obtenu une clause d'exemption sur l'adhésion à l'euro après avoir refusé le traité de Maastricht. Or, dans une Union à 27, cette voie-là n'est plus praticable ; le sentiment se répand qu'il ne faut plus tolérer la « tyrannie des minorités » : en l'occurrence, 862 000 Irlandais empêchent 500 millions de citoyens d'Europe d'avancer. Ce qui laisse penser que nous allons vers un nouveau référendum en Irlande. D'ici là, l'Union continuera de fonctionner avec le traité de Nice, qui ne lui laisse que peu de marges de manœuvre pour faire avancer des politiques européennes communes.

     

    Si les motifs du « non » diffèrent d'un pays à l'autre, ils contribuent tous à empêcher l'« approfondissement » de l'Union. Est-il encore réaliste de vouloir poursuivre l'intégration politique ?

    Si approfondissement veut dire construction d'une sorte d'Etats-Unis d'Europe, il semble effectivement que nous avons atteint une limite. Une Europe politique fortement intégrée était l'objectif d'une génération d'hommes politiques qui avait vécu la Guerre froide. Avec le temps et en raison de la diversité croissante de l'Union, cet objectif a perdu beaucoup de sa pertinence. Cependant, on oublie souvent que l'Union est déjà un système fédéral, dont les institutions parviennent à intégrer de nouveaux membres. Ses institutions peuvent certes être améliorées, et le traité de Lisbonne propose justement de régler un certain nombre de problèmes, notamment les mécanismes de prise de décision. Mais même si le traité finit par être adopté, dans quels domaines l'Union pourrait-elle faire vraiment mieux que les Etats pris individuellement ? A court et moyen termes, je ne vois pour ma part que la politique étrangère et la politique de sécurité. A cet égard, le traité de Lisbonne représente probablement le meilleur compromis entre la volonté de doter l'Union de plus grandes compétences et celui de préserver le pouvoir des Etats membres. Elle offre aussi des outils précieux pour renforcer la voix de l'Union sur la scène internationale.

  • Egalité, capabilité, Sen

    Chers amis

     

    Amartya Sen, dans Repenser l’inégalité, considère que l’inégalité est en partie liée à des différences de capabilité. La définition qu’il donne de la capabilité est la possibilité pour un individu de réaliser ses buts, de choisir la vie qu’il veut mener.

    Or la nature fait que les capabilités sont inégales suivant l’endroit où nous naissons, notre sexe, notre hérédité, nos aptitudes et handicaps, notre environnement, etc. Ces inégalités s’ajoutent aux inégalités de ressources, ce qu’Amartya Sen qualifie d’inégalités en biens premiers (attention sa définition en est différente de celle de Rawls), en conséquence une égalité de revenu ne nous permet pas pour autant d’avoir les mêmes capacités d’atteindre nos objectifs.

    Ainsi même à revenu égal, un handicapé n’aura pas les mêmes capacités qu’un valide ; une femme dans certaines sociétés aura des possibilités de se réaliser inférieure à celle d’un homme. Ou encore une personne vivant dans un environnement culturellement pauvre ne réalisera pas ses fins aussi facilement qu’une personne se développant dans un milieu lettré.

     

    La liberté de ceux qui sont désavantagés en terme de capabilité est donc amoindrie selon Sen. Il faudrait donc que chaque société établisse les capabilités minimales qu’elle garantit à ses citoyens.

    Par exemple le droit formel de voter aux Etats-Unis n’est pas un droit réel tant que la société ne permet pas aux plus défavorisés d’être éduqués et même transportés jusqu’au bureau de vote pour pouvoir réellement apprécier ce droit et l’exercer. On en revient ici à la distinction entre libertés réelles et libertés formelles des marxistes.

     

    Sen considère donc qu’une plus grande égalité des capabilités passe par l’octroi de libertés positives c’est à dire de droits-créances (un droit à) auprès de la société.

     

    Le sens commun donne pourtant un tout autre sens au terme liberté : celui de liberté négative, c’est-à-dire une liberté que l’on possède et à laquelle la société ne peut porter atteinte. Est une liberté, en ce sens, le droit de propriété – défini comme la prohibition du vol - ; le droit de vivre – défini comme l’interdiction du meurtre -.  Alors que la liberté de Sen c’est plutôt le droit à percevoir un revenu, un logement, une instruction.

     

    La critique de cette vision qui permet l’égale capabilité a déjà été fournie au milieu du XIXème siècle par Frédéric Bastiat dans La Loi :

     

    « Et ce n'est point là une distinction vaine: le sens en est profond, les conséquences en sont immenses. Car dès qu'on admet qu'il faut à l'homme, pour être vraiment libre, le Pouvoir d'exercer et de développer ses facultés, il en résulte que la société doit à chacun de ses membres l'instruction convenable, sans laquelle l'esprit humain ne peut se déployer, et les instruments de travail, sans lesquels l'activité humaine ne peut se donner carrière. Or, par l'intervention de qui la société donnera-t-elle à chacun de ses membres l'instruction convenable et les instruments de travail nécessaires, si ce n'est par l'intervention de l'État? 

    Ainsi la liberté, c'est le pouvoir. — En quoi consiste ce Pouvoir? — À posséder l'instruction et les instruments de travail. — Qui donnera l'instruction et les instruments de travail? — La société, qui les doit. — Par l'intervention de qui la société donnera-t-elle des instruments de travail à ceux qui n'en ont pas? — Par l'intervention de l'État. — À qui l'État les prendra-t-il? C'est au lecteur de faire la réponse et de voir où tout ceci aboutit. »

    L’État Nounou bien sûr et la négation du pouvoir de résilience (une capabilité plus faible résulte en une volonté de réussite plus forte qui contrebalance ce premier handicap).