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  • Egalité, capabilité, Sen

    Chers amis

     

    Amartya Sen, dans Repenser l’inégalité, considère que l’inégalité est en partie liée à des différences de capabilité. La définition qu’il donne de la capabilité est la possibilité pour un individu de réaliser ses buts, de choisir la vie qu’il veut mener.

    Or la nature fait que les capabilités sont inégales suivant l’endroit où nous naissons, notre sexe, notre hérédité, nos aptitudes et handicaps, notre environnement, etc. Ces inégalités s’ajoutent aux inégalités de ressources, ce qu’Amartya Sen qualifie d’inégalités en biens premiers (attention sa définition en est différente de celle de Rawls), en conséquence une égalité de revenu ne nous permet pas pour autant d’avoir les mêmes capacités d’atteindre nos objectifs.

    Ainsi même à revenu égal, un handicapé n’aura pas les mêmes capacités qu’un valide ; une femme dans certaines sociétés aura des possibilités de se réaliser inférieure à celle d’un homme. Ou encore une personne vivant dans un environnement culturellement pauvre ne réalisera pas ses fins aussi facilement qu’une personne se développant dans un milieu lettré.

     

    La liberté de ceux qui sont désavantagés en terme de capabilité est donc amoindrie selon Sen. Il faudrait donc que chaque société établisse les capabilités minimales qu’elle garantit à ses citoyens.

    Par exemple le droit formel de voter aux Etats-Unis n’est pas un droit réel tant que la société ne permet pas aux plus défavorisés d’être éduqués et même transportés jusqu’au bureau de vote pour pouvoir réellement apprécier ce droit et l’exercer. On en revient ici à la distinction entre libertés réelles et libertés formelles des marxistes.

     

    Sen considère donc qu’une plus grande égalité des capabilités passe par l’octroi de libertés positives c’est à dire de droits-créances (un droit à) auprès de la société.

     

    Le sens commun donne pourtant un tout autre sens au terme liberté : celui de liberté négative, c’est-à-dire une liberté que l’on possède et à laquelle la société ne peut porter atteinte. Est une liberté, en ce sens, le droit de propriété – défini comme la prohibition du vol - ; le droit de vivre – défini comme l’interdiction du meurtre -.  Alors que la liberté de Sen c’est plutôt le droit à percevoir un revenu, un logement, une instruction.

     

    La critique de cette vision qui permet l’égale capabilité a déjà été fournie au milieu du XIXème siècle par Frédéric Bastiat dans La Loi :

     

    « Et ce n'est point là une distinction vaine: le sens en est profond, les conséquences en sont immenses. Car dès qu'on admet qu'il faut à l'homme, pour être vraiment libre, le Pouvoir d'exercer et de développer ses facultés, il en résulte que la société doit à chacun de ses membres l'instruction convenable, sans laquelle l'esprit humain ne peut se déployer, et les instruments de travail, sans lesquels l'activité humaine ne peut se donner carrière. Or, par l'intervention de qui la société donnera-t-elle à chacun de ses membres l'instruction convenable et les instruments de travail nécessaires, si ce n'est par l'intervention de l'État? 

    Ainsi la liberté, c'est le pouvoir. — En quoi consiste ce Pouvoir? — À posséder l'instruction et les instruments de travail. — Qui donnera l'instruction et les instruments de travail? — La société, qui les doit. — Par l'intervention de qui la société donnera-t-elle des instruments de travail à ceux qui n'en ont pas? — Par l'intervention de l'État. — À qui l'État les prendra-t-il? C'est au lecteur de faire la réponse et de voir où tout ceci aboutit. »

    L’État Nounou bien sûr et la négation du pouvoir de résilience (une capabilité plus faible résulte en une volonté de réussite plus forte qui contrebalance ce premier handicap).