Après le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, c'est au tour de François Bayrou de revendiquer le poste de Premier ministre si Ségolène Royal avait été élue à la tête de l'Etat. Selon le site nonfiction.fr, c'est ce que révèle Ségolène Royal dans son livre «Ma plus belle histoire, C'EST VOUS» (éd. Grasset) à paraître le 3 décembre. L'ex-candidate socialiste affirme que le dirigeant centriste aurait accepté son offre, formulée dans l'entre-deux tours, lors d'une rencontre chez François Bayrou.
Lequel a confirmé l'information à marianne2.fr. «Il est exact qu'elle m'a demandé si elle pouvait l'annoncer lors de notre débat [organisée sur BFM TV le 28 avril 2007]. J'ai dit 'non, ce n'est pas sérieux, ce ne sont pas des choses qu'on fait'». Et le leader du MoDem d'enfoncer le clou : «La première raison pour laquelle j'y étais opposé est évidente : je n'ai jamais cru qu'elle pourrait être élue. Cette proposition n'avait donc pas de sens à mes yeux».
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Bayrou devait être le Premier ministre de Ségolène Royal
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Nicolas Baverez: Le libéralisme politique, clef du XXIe siècle
La mondialisation, qui est au principe du XXIe siècle, a fait entrer les hommes dans l'âge de la société et de l'histoire universelles. Cette nouvelle ère est caractérisée par l'intégration planétaire des marchés et la révolution des technologies de l'information d'une part, l'hétérogénéité des valeurs, l'instabilité d'un monde multipolaire et la montée de risques planétaires d'autre part. Elle a connu trois moments.
Ses prémices datent de 1979, année clef qui vit l'invasion de l'Afghanistan et l'élection de Jean-Paul II à la papauté marquer le début de la fin de l'Union soviétique, la chute du shah d'Iran ramener la religion et la théocratie sur le devant de la scène mondiale, les quatre révolutions lancées par Deng Xiaoping initier le décollage des superpuissances démographiques du Sud, enfin l'arrivée au pouvoir de Mme Thatcher et la stratégie monétariste arrêtée par Paul Volcker à la tête de la FED acter la mort de la régulation keynésienne et préparer le retour d'une norme libérale de fonctionnement du capitalisme. Le deuxième acte intervint en 1989, avec la chute du mur de Berlin et du soviétisme qui mirent fin au siècle des idéologies et inaugurèrent une décennie à la fois miraculeuse et perdue, où la toute-puissance des démocraties fut consacrée à la dilapidation des dividendes de la paix à l'exclusion de tout effort d'organisation ou de stabilisation du monde de l'après-guerre froide. Le troisième temps a débuté le 11 septembre 2001, placé sous le signe des trois sorcières qui composent la trame de l'histoire réelle : la guerre - redevenue centrale dans la vie des démocraties et notamment des Etats-Unis -, la révolution - qui se décline le plus souvent dans un sens hostile à la liberté -, les crises économiques - avec pour dernier avatar le choc de défiance qui frappe les marchés des pays développés depuis l'été 2007.
La mondialisation marque la fin du monopole que l'Occident détient depuis le XVIIe siècle sur l'histoire du monde. Monopole politique de la démocratie, monopole économique du marché, monopole scientifique des technologies, monopole intellectuel de la modernité. Ce que les tiers-mondistes avaient rêvé et sinistrement manqué, en livrant à l'oppression et à la ruine les populations du Sud, la mondialisation l'a fait. Les Etats-Unis restent la seule puissance globale, mais relative et non plus absolue, contestée par le surgissement de la Chine et de l'Inde ou le raidissement de la Russie de Vladimir Poutine sur le plan géopolitique, menacée par l'islamisme dont l'emprise s'étend sur tout l'espace arabo-musulman, défaite en Irak et contestée en Afghanistan sur le plan militaire, dépendante de la Chine au plan industriel et financier. Pour la première fois depuis le XVIIIe siècle, le Sud représente en 2007 la moitié de la production mondiale ; la Chine, l'Inde et la Russie génèrent la majorité de la croissance mondiale ; les fonds souverains des pays émergents rassemblent 3.000 milliards de dollars, soit une force de frappe équivalente au PIB de l'Allemagne. Partout la croissance est proportionnelle au degré d'ouverture des économies (les exportations atteignent 25 % du PIB de la Chine pour une croissance de 10,5 % par an) et la réduction de la pauvreté est fonction de la croissance (plus de 400 millions de personnes sont sorties de la pauvreté en Chine et en Inde depuis dix ans). A l'inverse des chocs asymétriques des années 1990 qui affectaient l'Amérique latine, l'Asie ou la Russie pour être réassurée par les Etats-Unis, la crise financière de 2007 prend racine et se propage au sein du monde développé, aspirant l'Europe et le Japon dans une spirale récessive, quand les marché émergents poursuivent leur développement.
Le XXIe siècle est donc résolument global et multipolaire. Cela n'implique nullement qu'il soit stable, pacifique et démocratique. Et ce pour au moins quatre raisons. La première découle de la dialectique de la mondialisation. Plus les marchés et les technologies sont universels, plus les identités s'exacerbent, plus l'hétérogénéité des valeurs et des principes se renforce. Dans la société ouverte et l'ère de la communication instantanée, les intérêts ne brident pas les passions mais les démultiplient. Or, deuxième évolution marquante, ces passions ne peuvent plus être encadrées et régulées par les seuls Etats. Contournés par le haut, avec la mondialisation et les jalons de société internationale, par le bas du fait de l'autonomie croissante des acteurs économiques et sociaux comme des entités non ou subétatiques, les Etats ont perdu le monopole de l'action internationale, de l'exercice de la violence légitime, de la levée de l'impôt, voire du contrôle de tout ou partie de leur territoire et de leur population. Troisième constat, liberté économique et liberté politique sont de plus en plus asymétriques : si le XXe siècle a démontré qu'il n'existait pas de liberté politique sans liberté économique, le XXIe siècle multiplie les formes de capitalisme déconnectées de la démocratie : total capitalisme chinois ; soviet-capitalisme russe ; narco-capitalisme en Amérique centrale ou latine ; gangstéro-capitalisme ou capitalisme de guerre civile en Asie centrale ou en Afrique. Tous les continents témoignent de l'écart qui se creuse entre exercice du suffrage universel et démocratie ou Etat de droit, capitalisme et économie de marché. Enfin, quatrième aspect, la mondialisation accuse la concurrence pour l'accès aux ressources stratégiques - énergie et matières premières mais aussi eau ou terre -, en même temps qu'elle génère des risques planétaires excédant les capacités d'action des Etats (chocs systémiques sur les marchés, environnement, changement climatique, épidémies, catastrophes naturelles...).
Dès 1960, dans une conférence prononcée à Londres, Raymond Aron avait décrit les principes et résumé le dilemme central de l'âge de l'histoire universelle : « Jamais les hommes n'ont eu autant de motifs de ne plus s'entre-tuer. Jamais ils n'ont eu autant de motifs de se sentir associés dans une seule et même entreprise. Je n'en conclus pas que l'âge de l'histoire universelle sera pacifique. Nous le savons, l'homme est un être raisonnable, mais les hommes le sont-ils ? » Parce qu'il fait le double pari du primat de la liberté et de la raison des hommes, le libéralisme politique est la seule doctrine qui permette à la fois de tirer tout le parti de l'extraordinaire potentiel que recèle la mondialisation et de maîtriser ses tensions et ses risques. Aux antipodes de la vision à fois fermée et impérialiste du néoconservatisme américain, le libéralisme politique revendique la valeur universelle de la liberté tout en l'ancrant au coeur des citoyens et des sociétés, tout en reconnaissant sa dimension nécessairement pluraliste. Fondé ultimement sur le respect des droits et de l'autonomie de l'individu, il est aussi ouvert et tolérant à la diversité des cultures et des croyances que ferme dans sa condamnation des prophètes de la violence, des démagogues ou des idéologues prompts à légitimer la tyrannie par un prétendu sens de l'histoire. Promoteur de l'équilibre des pouvoirs et de la modération dans l'exercice de l'autorité, il constitue le meilleur antidote à l'emballement des passions collectives ou au vertige de la démesure qui menacent toutes les nations - démocraties comprises. Parce qu'il fait reposer la liberté sur la vertu et l'engagement des hommes, il est indissociable de la patiente pédagogie qui érige les individus en citoyens, réconciliant ainsi l'individualisme contemporain avec l'engagement collectif et le sens de l'intérêt général. C'est donc bien le libéralisme politique qui décidera du cours violent ou pacifique de l'âge de l'histoire universelle.
Aux citoyens des démocraties, et notamment de la plus puissante d'entre elles, les Etats-Unis, il revient une responsabilité particulière du fait de leur rôle dans l'invention puis la défense de la liberté politique : ne pas la renier ou la dégrader, contrairement à l'action de l'administration Bush ; accepter de la partager avec les nations émergentes et de la voir acclimatée à des cultures différentes ; préserver leur unité pour assurer sa défense face à ses multiples contempteurs et adversaires.
Aux Européens, il revient de ne pas céder à la tentation de sortir et de l'histoire et de la production, tant l'Europe peut témoigner des bienfaits de cette liberté qu'elle a inventée, des tragédies et des drames qu'elle a endurés lorsqu'elle l'a rejetée, de la possibilité de faire vivre une conception pluraliste et ouverte des principes libéraux au sein de nations et de cultures très éloignées.
Aux Français, il revient de cesser de s'illusionner et de se complaire dans l'ambiguïté autour du libéralisme. L'exception historique française provient de la succession de déroutes et de phases d'effondrement abyssales puis de succès et de redressements météoriques. Les premières ont toujours correspondu à des phases de repli nationaliste, protectionniste et xénophobe ; les seconds à des périodes de retrouvailles avec la liberté, qu'elle se décline en institutions, en réformes économiques, en modernisation de la société, en ouverture internationale. Depuis un quart de siècle, la France a payé un prix très lourd à son opposition à la révolution de la liberté de 1989 puis à la nouvelle donne de la mondialisation. Son déclin est le produit d'une pensée unique, largement répandue au sein des élites, faite de corporatisme, d'étatisme, de protectionnisme, d'un nationalisme étroit et stérile. Une pensée unique qui a paupérisé les Français et mis la France au ban des démocraties développées comme de l'Europe. Voilà pourquoi la rupture n'est rien d'autre que le choix revendiqué de l'ouverture, de la concurrence, du marché, de l'accélération de la construction européenne et de l'insertion dans la mondialisation. Voilà pourquoi le redressement de la France est indissociable de la défense d'une conception pluraliste et ouverte, en un mot libérale, de la liberté. Pour retrouver l'orgueil de la France, il est grand temps que les Français et leurs dirigeants retrouvent l'orgueil de la liberté et la foi dans le libéralisme.
Nicolas BAVEREZ est avocat et historien.
Source: Les Echos http://www.lesechos.fr/info/france/4653368.htm
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Retraite : l’impasse
Au-delà du problème spécifique des régimes spéciaux de retraite, c’est la question de la réforme du régime général qu’il faudra bien poser un jour dans son ensemble. On ne pourra retarder indéfiniment l’inévitable car la France ne dispose pas d’une potion magique qui aurait échappée à l’ensemble des autres pays industrialisé s, lui permettant de ne pas faire les efforts que les autres ont dû faire. Tous les pays développés ont affronté la question de la pérennité du système de retraite fondé sur le principe de la répartition, en réponse aux évolutions lourdes qui affectent les tendances démographiques, notamment l’allongement de la durée de la vie.
Ces évolutions sont de nature à déstabiliser l’équilibre du système de financement des retraites par répartition qui a été mis en place en 1945 à une époque où l’espérance de vie d’un français plafonnait à 65 ans (précisément l’âge officiel de départ en retraite). L’alignement des régimes spéciaux sur le régime général n’y changera rien, car les régimes spéciaux vont intégrer un régime potentiellement condamné. Il faut avoir le courage d’admettre - et de dire – que l’équilibre du système de répartition est fondé sur « l’espérance de notre mort » dans la mesure où il assure une retraite confortable aux « survivants » de toute une vie active. Pour diverses raisons, ces « survivants » étaient peu nombreux au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Heureusement, la croissance économique – tant décriée par certains - nous a apporté une amélioration de la qualité de la vie qui s’est traduite notamment par un allongement de la durée de la vie : les « survivants » sont heureusement de plus en plus nombreux. En conséquence, si l’on ne change pas ses paramètres structurels, c’est la mort du système de répartition qui est programmée. Fuir cette réalité est proprement irresponsable. Dans le fond, il vaut mieux la mort d’un système que celle des individus qu’il est censé protéger. Un système est conçu pour être au service des individus, et quand il ne marche plus, ce n’est pas les individus qu’il faut - et que l’on peut - changer, mais seulement le système. Partout dans le monde, c’est le couplage d’un système autorisant la capitalisation avec un système de retraite de base fondé sur la répartition qui a permis de sauver l’ensemble des retraites. Or, la France s’est enfermée de nouveau dans une impasse en écartant par principe - et surtout par aveuglement idéologique - le système de capitalisation. Et il est manifeste que les acteurs de cette censure ne savent pas très bien de quoi ils parlent.
En tout état de cause, on pourra difficilement renverser les tendances démographiques surtout si l’on continue d’adopter des lois et cautionner des comportements qui contribuent à réduire la base réellement active de la population totale. Par exemple, l’allongement des études dans des filières qui contribuent à désorienter une masse croissante de jeunes fuyant les filières à vocation professionnelle (sous le fallacieux prétexte de bannir la sélection), et l’abaissement de l’âge de la retraite se cumulent pour rendre plus problématique encore la survie du système de répartition. On remarquera au passage que la réforme des universités et la réforme des retraites vont de pair, et qu’il est proprement suicidaire de s’opposer aux deux. Car nos orientations éducatives et sociales s’ajoutent aux tendances démographiques longues pour fragiliser encore plus le système de répartition auquel nous nous disons pourtant attachés, faisant des français les acteurs de leur propre faillite et nous interdisant de surcroit d’envisager les seules solutions de remplacement qui s’imposent.
Jean-Louis Caccomo
Perpignan, le 26 novembre 2007
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