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Réseau des Bretons de l'Etranger - Page 20

  • L'Europe à l'heure franco-allemande ?

    Le couple franco-allemand fait de plus en plus de mécontents au sein de l'UE. Or c'est avant tout l'Allemagne qui semble y mener la barque. Mme Merkel a notamment réussi à imposer son pacte de compétitivité afin de "créer convergence économique dans la zone euro, avec l'adoption de politiques voisines en matière de systèmes de retraite, de salaires ou d'imposition des sociétés, et des mécanismes de plafonnement de l'endettement public"[Touteleurope]. Le 7 février, Presseurop évoquait le rôle grandissant de l'Allemagne en Europe, affirmant que "Mme Merkel veut jouer un rôle moteur dans la consolidation de l'Union économique et monétaire. Ce qui peut faire croire à l'émergence d'une "Europe made in Germany" selon le quotidien allemand Die Zeit

    La Presse internationale approfondit aujourd'hui l'idée de ce" tandem qui inquiète" [Die Press]. D'après Euractiv.com, "le ressentiment s'est répandu parmi les gouvernements européens concernant l'impulsion donnée par l'Allemagne qui vise à mettre fin à l'indexation des salaires, à repousser l'âge de la retraite et à intégrer des limites de dettes au sein des constitutions nationales dans la zone euro". Or des réticences quant à cette convergence économique se montrent au grand jour.

    La Belgique s'est déclarée opposée au projet. Le Premier ministre belge "a indiqué qu’il n’était 'absolument pas d'accord' avec les propositions du pacte. 'Il doit y avoir plus de coopération économique, mais les Etats membres doivent avoir l’espace de mener leurs propres politiques' a-t-il déclaré dès son arrivée au sommet". Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a partagé cette impression, indiquant "qu'il ne trouve pas 'de raison pour dire qu’abolir l’indexation des salaires permettrait d’améliorer la compétitivité de mon pays ou par de la zone euro" [Euractiv.fr]. L'ancien ministre belge Guy Verhofstadt dénonce quant à lui, dans une tribune publiée aujourd'hui par Les Echos, et rapportée par Euractiv.fr, le "directoire franco-allemand".

    Ainsi, de nouveaux cercles semblent se dessiner à l'intérieure l'Europe des 27. En titrant, "Coopération renforcée : Les 17, les 17+, les 27….", Fenêtre sur l'Europe  confirme l'impression d'un nouveau directoire, avec un premier consul nommé Merkel : "on sent bien, à travers cette initiative ambitieuse, qu'elle semble avoir pris l’ascendant sur ses pairs en poussant son avantage : il faut, dit-elle, s’aligner sur ce qu’il y a de meilleur" restitue Patrick Martin-Genier.  En citant Laurent Wauquiez qui affirme que "ceux qui ne veulent pas prendre le train ne peuvent empêcher celui-ci de se mettre en marche et d’avancer", Fenêtre sur l'Europe estime que ce nouveau gouvernement économique a "enfoncé le clou en excluant de fait, du moins, dans un premier temps, les pays non-membres de la zone euro".

  • Tunisie, Egypte: l’oubli et le sursaut

    Source : Le Temps

    Le soulèvement du peuple tunisien, le climat d’insurrection en Egypte sont difficiles à interpréter, tant nous avons été surpris par la rapidité avec laquelle des gouvernements autoritaires ont été ébranlés. Ces régimes donnaient l’illusion d’une sécurité à toute épreuve de la rue et bénéficiaient d’un soutien implicite des pays occidentaux. Les dictatures arabes nous ont valu beaucoup de compromissions dans l’espoir qu’elles nous protégeraient de l’intégrisme musulman et accepteraient de sécuriser notre approvisionnement énergétique. Nous comprenons que cette assurance était surfaite et dangereuse.

    Car les peuples qui se révoltent témoignent d’une violence intérieure que nous n’avons pas voulu voir, ni entendre. L’obsession sécuritaire des régimes arabes est devenue illégitime car «ils ont failli à leur devoir de protection des individus», ainsi que l’écrivait avec prémonition (2009) le «Rapport arabe sur le développement humain» des Nations unies. Les Etats protègent d’abord des minorités de classe (armée, police) ou des fidèles associés aux différents leviers du pouvoir. Les économies arabes, à de rares exceptions près, ont régressé ces vingt dernières années. Ainsi, l’Egypte et la Tunisie sont moins industrialisées qu’en 1970 (!) et l’industrie des services (tourisme) génère des plus-values faibles et mal réparties. Leurs dirigeants, qui au lendemain de l’indépendance ont nationalisé de larges pans de l’économie, ont certes lancé de petites réformes mais ils ont surtout maintenu des privilèges et passe-droits qui les assurent d’une rente captive. Les anciennes bourgeoisies ont pour la plupart été détruites et la jeunesse désespère de trouver un emploi décent dans des économies de subsistance. Le malaise social n’a fait que grandir et s’aggraver alors même que le discours politique est discrédité par ceux qui ont fini par oublier les aspirations les plus élémentaires de leur population.

    Le danger intégriste existe mais nous manquerions de lucidité et d’intelligence en ne saluant pas à sa juste valeur le sursaut sincère de peuples que le cynisme géopolitique préférait ignorer sous prétexte d’une guerre juste contre l’islamisme. Or, l’histoire nous donne une leçon: les dictatures sont par nature instables et leur défaite la seule issue acceptable, l’unique chemin vers la démocratie dont l’universalité sort grandie par le courage de milliers d’hommes et de femmes en colère.

  • Tunisie, Egypte: l’oubli et le sursaut

    Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ce6ce9c4-3239-11e0-9581-5c80251fb044/Tunisie_Egypte_loubli_et_le_sursaut

    Le soulèvement du peuple tunisien, le climat d’insurrection en Egypte sont difficiles à interpréter, tant nous avons été surpris par la rapidité avec laquelle des gouvernements autoritaires ont été ébranlés. Ces régimes donnaient l’illusion d’une sécurité à toute épreuve de la rue et bénéficiaient d’un soutien implicite des pays occidentaux. Les dictatures arabes nous ont valu beaucoup de compromissions dans l’espoir qu’elles nous protégeraient de l’intégrisme musulman et accepteraient de sécuriser notre approvisionnement énergétique. Nous comprenons que cette assurance était surfaite et dangereuse.

    Car les peuples qui se révoltent témoignent d’une violence intérieure que nous n’avons pas voulu voir, ni entendre. L’obsession sécuritaire des régimes arabes est devenue illégitime car «ils ont failli à leur devoir de protection des individus», ainsi que l’écrivait avec prémonition (2009) le «Rapport arabe sur le développement humain» des Nations unies. Les Etats protègent d’abord des minorités de classe (armée, police) ou des fidèles associés aux différents leviers du pouvoir. Les économies arabes, à de rares exceptions près, ont régressé ces vingt dernières années. Ainsi, l’Egypte et la Tunisie sont moins industrialisées qu’en 1970 (!) et l’industrie des services (tourisme) génère des plus-values faibles et mal réparties. Leurs dirigeants, qui au lendemain de l’indépendance ont nationalisé de larges pans de l’économie, ont certes lancé de petites réformes mais ils ont surtout maintenu des privilèges et passe-droits qui les assurent d’une rente captive. Les anciennes bourgeoisies ont pour la plupart été détruites et la jeunesse désespère de trouver un emploi décent dans des économies de subsistance. Le malaise social n’a fait que grandir et s’aggraver alors même que le discours politique est discrédité par ceux qui ont fini par oublier les aspirations les plus élémentaires de leur population.

    Le danger intégriste existe mais nous manquerions de lucidité et d’intelligence en ne saluant pas à sa juste valeur le sursaut sincère de peuples que le cynisme géopolitique préférait ignorer sous prétexte d’une guerre juste contre l’islamisme. Or, l’histoire nous donne une leçon: les dictatures sont par nature instables et leur défaite la seule issue acceptable, l’unique chemin vers la démocratie dont l’universalité sort grandie par le courage de milliers d’hommes et de femmes en colère.