En voulant délimiter une zone de protection de la nature au Mozambique, des scientifiques britanniques ont visualisé une zone de forêt d’environ 80 km2 qui n’avait jamais été cartographiée ou explorée jusqu’à présent. Sur place, ils ont découvert des centaines d’espèces inconnues.
Sur Google Earth, ce sont les coordonnées d’une forêt, une zone de 80 km2 dans le nord du Mozambique, qui n’avait jusque-là jamais été ni cartographiée ni explorée. Un espace sans trace d’activité humaine, les populations qui vivaient aux alentours ayant fui avec la guerre civile. Une découverte rendue possible grâce à internet.
Parce qu’ils voulaient délimiter une zone de protection de la nature au Mozambique, des scientifiques britanniques du Royal Botanic Garden de Kew ont utilisé Google Earth, le logiciel qui compile des images aériennes et satellites et permet de visualiser la Terre et de zoomer sur certaines régions. C’est là qu’est apparue une zone d’une couleur différente des autres.
« A quelque 1.600 mètres d’altitude, il est rare de tomber sur une forêt aussi bien préservée », explique le biologiste du jardin botanique de Kew, Jonathan Timberlake, sur le site internet de la Fondation 30 Millions d’amis, « L’homme a souvent remodelé le paysage pour utiliser les terres à des fins agricoles, ou pire, comme champ de bataille. » Le mont Mabu a échappé à ces fléaux, servant principalement de refuge aux paysans fuyant la guerre civile qui a marqué le Mozambique de 1975 à 1992.
Cette montagne a fait sa première apparition sur Google Earth en 2005. Il a ensuite fallu trois bonnes années de recherches sur la terre ferme pour en définir exactement l’emplacement. Jonathan Timberlake s’est lancé dans l’aventure à la tête d’une expédition de 28 personnes aidées de 70 porteurs.
« Au pied du mont Mabu, il n’y a aucune trace de civilisation. La route se perd dans les bois et il faut continuer notre périple à pied », raconte encore Jonathan Timberlake. « Mais c’est de la forêt dense, alors nous avons demandé l’aide de pisteurs et de chasseurs locaux qui ont marqué notre chemin mètre après mètre. »
« C’est au fur et à mesure de notre marche que nous avons découvert le miracle du mont Mabu », se souvient le biologiste. « Il y avait là des centaines et des centaines d’espèces de plantes qui nous étaient inconnues. Nous avons ramené trois nouvelles espèces de papillons, une nouvelle espèce de serpent de la famille des vipéridés et plusieurs espèces d’oiseaux inconnues. »
De retour en Angleterre, Jonathan Timberlake s’est attelé à la tâche : répertorier, comparer, nommer chacune de ses découvertes. Un travail de fourmi, lent et minutieux, mais nécessaire. « Si cette expédition répond à toutes nos attentes nous pourrons nous lancer dans d’autres aventures. » Jonathan Timberlake a déjà deux autres visites de sites méconnus du profane en vue. Toujours au Mozambique, mais le long des berges du lac Malawi.
D’ores et déjà, les scientifiques britanniques ne cachent pas leur crainte que cet espace préservé devienne une source de convoitise…
afp