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Il n’y a pas de repas gratuit

Il n’y a pas de repas gratuit

 

Un déjeuner gratuit, ça n’existe pas. Cette proposition est appelée la deuxième loi de la thermodynamique [1]. Mais c’est aussi sans doute la première loi de l’économie car c’est un énoncé souvent utilisé en sciences économiques pour rappeler que tout a un prix, qu’on le veuille ou non. Certes, ce n’est pas très social me direz-vous mais ceux qui vous servent un repas « gratuit » ne méritent-ils d’être récompensés eux-aussi de leurs efforts ?

Dans le domaine de la physique, plus particulièrement en thermodynamique, ce principe a anéantit le rêve de construire la machine à mouvement perpétuel, celle qui permettrait de fournir de l’énergie à volonté. Ce principe rappelle en effet que les lois de la nature, et notamment de la physique, sont ainsi faites que, pour pouvoir produire de l’énergie, il faut en consommer. La nature est basée sur l’échange et la réciprocité : pour avoir de l’output, il faut des inputs. De la même manière en biologie, pour avoir la vie, il faut la mort. Et quand un être vivant se nourrit, c’est qu’un autre est mangé.

 

Bref, les lois de la physique établissent que l’on ne peut rien obtenir à partir de rien [2]. La science économique théorise ce principe à travers la fonction de production qui propose une présentation formalisée de cette loi de transformation des inputs ou outputs. Dans le langage courant, on dira aussi que l’on n’a rien sans rien. Le comportement humain a une dimension économique dans le sens où notre rationalité nous conduit à tenter d’obtenir le plus de résultat possible (de l’utilité, de la valeur, de la récompense) à partir du minimum d’effort (coût, effort). C’est ce que l’on appelle l’optimisation. Certains phénomènes naturels surprenant nous conduisent à penser que la nature obéit aussi à ce principe d’optimisation même si souvent elle se permet quelques fantaisies qui échappent à toute explication rationnelle. Ainsi, les abeilles ont découvert empiriquement comment utiliser un minimum de cire pour protéger les œufs, ce qui explique la forme régulière des surfaces des alvéoles [3]. Et les hommes utilisent ce même principe, qui mobilise le calcul différentiel, dans la fabrication des filets.

 

Sans oublier que l’homme est pétri de culture et de social, qu’il est le produit de son histoire, il ne faut pas tomber dans le pêché inverse qui consisterait à oublier que l’homme est aussi un élément de la nature. A ce titre, il s’inscrit aussi dans une réalité biologique et physique. Et tant qu’il sera humain, il lui sera impossible de s’abstraire de ces dimensions essentielles de la nature. De ce point de vue, les lois de l’économie ont une dimension thermodynamique car l’économie est aussi une question d’énergie. Pour produire, il faut de l’énergie ne serait-ce que pour déplacer et transformer les ressources brutes en richesses. Imaginez, comme l’a fait Barjavel dans son fameux roman d’anticipation « Ravages », ce que deviendrait notre économie si l’électricité disparaissait soudainement.

Pour produire, il faut aussi une population en activité, c’est-à-dire une population active qui est, au sens le plus strict du terme, la population qui fournit l’énergie (c’est-à-dire le travail). Le travail est « l’énergie » de notre système économique (tandis que le chômage sera considéré comme une perte d’énergie). Et quand on travaille, on brûle des calories (d’où des rendements marginaux décroissants…) qu’une consommation raisonnable et raisonnée nous permet de reconstituer. En conséquence, le principe thermodynamique trouve sa traduction dans le champ économique : pour produire du travail – autrement dit pour proposer des emplois aux individus -, il faut fournir du travail.

Si on attend les mains tendues que le travail tombe du ciel, on pourra attendre longtemps… mais il n’y a pas de repas gratuit.

 

[1] Charles Seife [2002] Zéro, la biographie d’une idée dangereuse, Edition JC Lattès, Paris, page 233.

[2] Seife op.cit. page 235.

[3] De la même manière, les bulles de savon adoptent systématiquement des « formes économiques » tandis qu’en optique, le comportement d’un rayon lumineux est régi par la recherche du plus court chemin en temps. Pour les développements mathématiques de ces différents exemples, voir Michel Soufflet [2009] Les mathématiques de tous les jours, édition Vuibert, Paris, page 48.

 

Jean-Louis Caccomo,

Perpignan, le 8 juin 2009

http://caccomo. blogspot. com/

http://cozop. com/chroniques_ en_liberte

 

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