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Arrêtons le « Weimar planétaire » !


 

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Brèves /
Arrêtons le « Weimar planétaire » !
9 juin 2009 - 15:53

 

par Helga Zepp-LaRouche

 

 

Source : http://www.solidariteetprogres.org/article5511.html

9 juin 2009 (Nouvelle Solidarité) — Les avertissements adressés aux banques centrales par la chancelière Angela Merkel, les alertant contre le danger d’une politique inflationniste, ont provoqué – c’est le moins qu’on puisse dire – l’irritation, autant chez leurs gouverneurs que parmi les économistes et la presse financière.

On voit bien que dans ces milieux, les nerfs sont à fleur de peau, car tout le monde est parfaitement conscient que ces bulles spéculatives gigantesques, que les banques centrales tentent de protéger en faisant tourner la planche à billets, ne peuvent perdurer qu’en se gonflant toujours plus, quelles qu’en soient les conséquences pour l’économie réelle.

Pour sa part, le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore donne raison à Mme Merkel. Ainsi, nos mises en garde contre le risque d’une hyperinflation galopante, provoquée par les énormes quantités d’argent englouties dans les « plans de sauvetage bancaire », trouvent un écho dans la presse, comme en témoigne l’article paru il y a trois semaines dans l’hebdomadaire allemand Focus.

Notons également l’intervention de Jacques Attali le 26 janvier à Paris, devant le Forum international économique et financier (FIEF), où il évoqua le danger d’une hyperinflation semblable à celle de l’Allemagne de Weimar en 1923, mais cette fois-ci à l’échelle « planétaire ».

Aux Etats-Unis, souligna-t-il, la dette totale, public et privé confondus, représentait en janvier 2009, 500 % du PIB, soit 54 000 milliards de dollars. Ainsi, « le scénario du pire est vraisemblable, celui d’une grave dépression et d’une inflation importante. Je le dis comme je le pense : le monde n’est pas loin de s’engager sur le chemin d’un Weimar planétaire ».

En l’état actuel des choses, il existe effectivement un énorme danger qu’on en arrive là car, d’une part, les gouvernements n’ont pas voulu examiner les origines de la crise, et d’autre part, ils ne sont pas prêts à renoncer aux « instruments financiers novateurs » [LBO, dérivés, titrisations, etc.], qui sont en partie à l’origine de la crise. Ainsi, Günther Bräunig, membre du conseil de la Banque de reconstruction allemande (KfW), a déclaré lors d’une conférence sur la finance à Francfort, que le marché des « titrisations » allait repartir bientôt. Et les banques recommencent à offrir des titrisations, c’est-à-dire la vente d’obligations de crédit ou des risques qui leur sont liés, tout en faisant miroiter de fortes rémunérations, qui ne sont offertes que sur les marchés à très haut risque.

La Bundesbank, pour sa part, vient à nouveau de corriger à la baisse son pronostic pour le produit intérieur brut (PIB) allemand de cette année, qui devrait reculer de 6,2 %, soit bien plus que prévu. Par conséquent, les recettes fiscales sont à revoir à la baisse, avec toutes les difficultés que cela provoquera pour les villes et communes. Aux Etats-Unis, la Conférence nationale des élus des Etats vient de publier un rapport constatant la contraction alarmante de l’assiette fiscale des communes, et encore n’est-ce que le début.

En réalité, de nombreux pays sont déjà insolvables. En Allemagne, au-delà des communes, 1164 entreprises ont déjà été contraintes à faire appel à l’aide publique. La liste des dépôts de bilan s’allonge de jour en jour, y compris celui d’enseignes prestigieuses. La compagnie aérienne British Airways, par exemple, a annoncé la suppression de son fonds de pension interne pour 100 000 employés.

Ils ont dilapidé des fortunes au casino et on leur demande de recommencer ?

Que penser alors des déclarations de nos hommes politiques et experts, notamment du ministre allemand de l’Economie Karl-Theodor Guttenberg, qui annoncent la fin de la crise pour l’automne ? Serait-ce parce que l’automne commence après les élections générales du 27 septembre ? Comment se fait-il que le directeur de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, voie des « pousses vertes » pointer sur les marchés ? Peut-être parce que les exportations japonaises en mai n’ont reculé « que » de 40 %, contre 50 % en janvier ?

Le problème avec eux tous, y compris le ministre des Finances Steinbrück, c’est qu’ils n’ont pas vu venir la crise, qui les a pris par surprise. Pire encore, elle ne les a nullement poussés à remettre en question leurs critères de jugement. Certes, le quotidien économique Handelsblatt écrivait en janvier qu’après un accident d’avion, on fait toujours appel à des enquêteurs extérieurs pour déterminer le plus précisément possible le déroulement de l’accident, y compris en reconstituant laborieusement, pièce par pièce, les débris, car on doit connaître les causes du crash si l’on veut éviter des accidents similaires à l’avenir.

Or, dans un véritable théâtre de l’absurde, ce sont quatre économistes de la Réserve fédérale qui ont été chargés de mener l’enquête aux Etats-Unis. Ils en sont venus à la conclusion ridicule que les banques, les agences de notation et les acheteurs n’avaient pas remarqué que la qualité des crédits immobiliers sur le marché américain s’était globalement dégradée. Pourtant, si l’on invite un bouc à s’occuper du jardin, il va tout naturellement dévorer les légumes !

Quant au Financial Times Deutschland, il a eu raison – une fois n’est pas coutume – d’écrire que nous nous trouvons dans la pire crise de l’humanité. De ce fait, le monde des économistes devrait avouer que la pensée économique dominante est un échec flagrant. Sa faillite est aussi manifeste que celle du système financier dans son ensemble. La grande majorité des économistes est incapable de comprendre les causes de la crise actuelle, pour les mêmes raisons qu’un représentant de commerce saurait difficilement expliquer pourquoi les prévisions météorologiques ont été fausses, ou qu’un programmeur sait rarement comment mener à bien une opération de pontage. Ils se trompent de méthode.

Il est vrai qu’un bon nombre d’entre eux ne veulent pas connaître la vérité et préfèrent répandre des contre-vérités. C’est ainsi qu’une commission d’enquête du Bundestag vient de découvrir que Jörg Asmussen, le secrétaire d’Etat au ministère des Finances, qui a toujours prétendu n’avoir été mis au courant des difficultés de la banque Hypo Real Estate qu’en septembre 2008, en avait, en fait, été informé dès février-mars de cette année.

Aujourd’hui, ce M. Asmussen fait partie des cinq membres de la commission qui décide, tout à fait indépendamment du Bundestag, qui va pouvoir bénéficier des ressources (480 milliards d’euros) du plan de sauvetage des banques. En outre, il s’occupe de mettre sur pied, pour le compte de l’UE, une autorité de surveillance (Watch Dog Institute) des marchés financiers.

Cet effondrement économique et financier se poursuivra tant qu’on fera l’impasse sur une procédure de mise en redressement judiciaire ordonnée, éliminant les « instruments financiers novateurs », rejetant tous les axiomes de la mondialisation et refondant l’économie sur le progrès scientifique et technologique et la défense de l’intérêt général. C’est désormais aux citoyens de créer une véritable alternative politique et de sanctionner par leur vote tous ceux qui les ont systématiquement trompés.

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