Quand la droite est au pouvoir, elle se débrouille pour perdre les régions, puis après les municipales. Neuf mois après la vague bleue qui a ébranlé la démocratie « sauvagement déstabilisée » d’après les commentateurs du moment, c’est à une vague rose que nous assistons à l’occasion de ces municipales. C'est comme si la droite était génée d'être au pouvoir, fondamentalement maladroite à force d'être mal à droite. D'ailleurs, dans de nombreuses communes, alors que la gauche allait chercher des voix avec l'extrême-gauche, la droite n'osait pas même s'afficher. Comment peut-on gagner une bataille électorale quand on a honte de ses propres valeurs ?
Vu de l’étranger, les français restent décidément une énigme. Dans l’euphorie, ils installent au pouvoir un nouveau président de la république et un nouveau gouvernement avec une large majorité. Sitôt que ce gouvernement cherche à appliquer son programme, ils descendent alors dans la rue pour l’empêcher d’agir, sautant sur la première élection venue pour exprimer leur déception et imprimer un changement de cap. Comment sanctionner une politique qui n'a pas été appliquée à force d'être dénaturée ?
Pendant quelques semaines, le monde avait retenu son souffle. La France revient ! Les français avaient enfin compris qu’ils devaient comme les autres pays entrer de plain pied dans le monde globalisé, sans complexe et sans crainte. C’était trop beau pour être vrai. Je ne sais si je dois continuer sur le registre de l'espérance ou revenir en résistance.
Evidemment, inutile d’insister sur le fait que, pendant ce temps, de scrutins en scrutins, d’analyses politiciennes en commentaires d’experts, de vagues bleues en vagues roses, les problèmes de fond qui emprisonnent notre pays dans une trappe à sous-développement ne sont jamais réglés.
Evidemment, la gauche se fait fort de récupérer ce mécontentement, n’imaginant pas même une nanoseconde que l’on peut être déçu de Sarkozy parce qu’il n’a pas appliqué les réformes attendues, jouant le jeu d’une ouverture qu’il n’avait pas annoncé, remettant en selle les mammouths du PS, cédant devant tous les corporatismes et pactisant avec les partenaires sociaux revanchards. Si c’est pour avoir une fausse droite au pouvoir, autant remettre en selle une vraie gauche, fière de ses aspirations socialistes et de ses valeurs collectivistes.
Pendant quelques semaines, le monde avait retenu son souffle. La France revient ! Les français avaient enfin compris qu’ils devaient comme les autres pays entrer de plain pied dans le monde globalisé, sans complexe et sans crainte. C’était trop beau pour être vrai. Je ne sais si je dois continuer sur le registre de l'espérance ou revenir en résistance.
Après ce court instant de lucidité qui ne devait pas se prolonger, les français ont retrouvé leurs réflexes ancestraux, conflits sociaux après conflits sociaux, manifestations après manifestations, revendications insatiables après revendications. Entre des vacances de Noël qui battent des records de dépenses de jouets électroniques et les vacances de ski qui voient les 4x4 s’entasser sur les routes de l’hexagone, ils ne manqueront pas de pleurer sur leur pouvoir d’achat. La gauche a le talent pour exploiter cette misère morale avant d’être économique, en présentant la droite comme le parti des nantis tandis que l’UMP cherche vainement une ouverture avec une gauche congénitalement hostile. De son côté, le MODEM pactise ici avec l’UMP et là avec le PS tandis que Besancenot ironise sur la fin du libéralisme. C’est comme si la vie politique française étaient coincée dans un inextricable bug.
Evidemment, inutile d’insister sur le fait que, pendant ce temps, de scrutins en scrutins, d’analyses politiciennes en commentaires d’experts, de vagues bleues en vagues roses, les problèmes de fond qui emprisonnent notre pays dans une trappe à sous-développement ne sont jamais réglés.