TOCQUEVILLE MAGAZINE
LE FLASH
(A diffuser largement)
LUNDI 3 NOVEMBRE 2008
SARKO-SOCIALO
L’observateur le plus attentif, et même s’il est par nature sympathique à Monsieur Sarkozy, est obligé de constater que toute sa vie
publique le président actuellement provisoirement en vigueur a servi la gauche et quelquefois la gauche extrême.
L'habileté suprême fut d’adresser des clins d'oeil appuyés vers la droite et de faire croire le contraire, en prétendant que la fatalité
l’empêchait de suivre son électorat. C'est la raison pour laquelle les espoirs fabuleux que la France pouvait nourrir après son élection son
partis complètement en fumée.
Pour illustrer le propos, on peut citer la consolidation et l'extension des droits opposables, cette machine tout à fait redoutable qui conduit
à une obligation du socialisme, puisque l'État se condamne juridiquement à intervenir dans une foule de domaines qui devraient être
laissés au marché. Le droit au logement opposable en vertu de la loi Dalo entrée en application le 1er janvier 2008 est l’un d’entre eux.
L'on parle déjà de nouveaux droits opposables à créer comme le droit opposable aux crèches et tout récemment le droit opposable a l’économie numérique annoncé en fanfare.
Dans un autre domaine, citons la politique industrielle qui se déploie avec l'intervention de l'État dans des affaires purement privées comme
les problèmes d’Arcelor Mittal en Lorraine ou ceux de Michelin. Au titre de la marche forcée vers le socialisme, il faut ajouter le blocage
des loyers. alors que la France sort péniblement de la loi de 1948.
Mentionnons un nouveau droit de préemption accordé aux maires ; jusqu'à présent les maires avaient un droit de préemption à exercer lors des achats immobiliers, ce qui est très déjà une anomalie destructrice du marché du logement. Maintenant, sous prétexte de leur donner le droit de veiller sur les changements de fonds de commerce, ils ont un droit de préemption sur les baux commerciaux : c'est une nouvelle atteinte grave aux droits de propriété.
L'État dans le désordre coutumier continue, comme avant, à dépenser à tout va et dans le monde entier avec en conséquence le dérapage de
l’endettement et la création d’une multitude de nouveaux impôts.
La crise financière et économique dans laquelle nous nous enfonçons et dont le président est pour une grande part responsable lui donne
l'occasion nouvelle et unique de montrer sa préférence pour le socialisme. Les commentateurs de la presse « officielle », dont on
connaît l’hostilité à l'économie de marché, le poussent dans ce sens ainsi que les énarques qui forment sa cour et les socialistes qu'il a
mis aux commandes d'un certain nombre de ministères.
Citons simplement quelques faits.
Par exemple, il affirme ces temps-ci que tous les espoirs pour l’emploi reposent sur la croissance. Tout récemment, on a entendu sur la radio
gauchiste connue, France-info, qu'en dessous de 1,5 % de croissance rien ne pouvait être espéré et que l'économie et donc l’emploi
s'amélioreraient à partir de 3 % de croissance. C'est un raisonnement tout à fait faux. La croissance ne crée pas forcément d'emplois et,
même, l'on peut affirmer qu'elle risque de ne pas en créer du tout : elle permettra encore plus aux industriels et aux commerçants de se
délocaliser si jamais il trouvent un peu d'argent pour payer le prix d’une délocalisation. La seule façon de lutter contre le chômage et de
développer l’économie est de libérer la France du poids insupportable des impôts et règlementations, sans oublier un certain nombre de
dispositions meurtrières du code du travail : la croissance serait un effet et non une cause.
Le 30 octobre 2008 au matin, les députés, malgré les protestations de certains d'entre eux et sur instruction de l’Elysée, ont décidé le
rétablissement de la prime transport que les sénateurs voulaient supprimer. C'est une prime qui oblige les chefs d'entreprise à s'occuper
des transports de leurs employés en y contribuant ; le raisonnement mensonger est que de cette façon les employés trouveraient des formules du type covoiturage, ou transports en commun, alors que ces employés doivent être libres de choisir le moyen de transport qui leur convient.
Pour ajouter au comique, il sera inclus dans la prime transport l'abonnement au vélolib : cela ne s'invente pas. Personne ne parle du
flot de contentieux qui va déferler si un accident se produit grâce au vélolib sur le trajet du travail, comme malheureusement il s’en produit
beaucoup.
Autre invention tout à fait récente : 200 000 hauts fonctionnaires seraient payés au mérite. C'est en fait le signal d'une nouvelle augmentation de ces fonctionnaires ; pour que ce ne soit pas le cas, il faudrait que les bénéficiaires voient leur salaire fixe réduit au moins en proportion de l'espoir de la prime au mérite. En outre, dans cette troupe immense de hauts fonctionnaires, il en est beaucoup qui sont occupés à des tâches tout à fait inutiles quand elles ne sont pas négatives et destructrices de l'économie. Il faut, non pas les conduire à mieux travailler mais supprimer purement les tâches auxquelles ils se consacrent abusivement.
Chemin faisant la perspective de nouveaux impôts se confirme, comme la taxe sur les revenus du capital qui, à due concurrence, va de nouveau chasser des capitaux hors de France.
Le désordre dans les contrats de travail va se poursuivre. Qui peut dire aujourd’hui le nombre exact de contrats de travail possibles, tous
pièges à réglementations diverses, contradictoires et coûteuses ?
Essayons d’en énumérer quelques uns sauf erreur et ommission : Travaux d'utilité collective, contrat de réinsertion en alternance, contrat de
retour à l'emploi, contrat emploi-solidarité , contrat emploi consolidé, contrat initiative-emploi, contrats emploi ville, emploi jeune, contrat
d'avenir, civis-association, civis-accompagnemen t vers l'emploi ou civis-régional, civis-création d'entreprise, contrat accompagnement emploi,
contrat soutien emploi jeune en entreprise, stages d'insertion et de formation à l'emploi individuel, stages d'insertion et de formation à
l'emploi collectif, service militaire adapté, contrat d'apprentissage, contrat de qualification, contrat d'adaptation, contrat d'orientation,
contrat de professionnalisation… .
Une nouvelle promotion des contrats aidés va prendre place ; or ce ne sont que de faux emplois publics ou quasi publics. Est prévue aussi
l’extension du contrat de transition professionnelle (CTP). La jungle s’épaissit.
Terminons par la cérémonie plutôt ridicule qui a eu lieu à l'Élysée le 30 octobre 2008. Le président a invité préfets, trésoriers payeurs
généraux et banquiers pour l'écouter sur les mauvaises chaises de la salle des fêtes du « château ».
Les deux premières catégories d'auditeurs étaient conviées pour mettre en tutelle la troisième catégorie.
Il n'avait pas été demandé aux préfets de revêtir leur bel uniforme ; cette omission doit être due aux services de communication abusifs de
l'Élysée qui ruinent l’économie par leur existence même. Ils ont, sans doute, estimé que la vue des uniformes pourrait provoquer des états
d'âme chez les banquiers déjà malmenés ! En effet, les préfets furent chargés officiellement par le président de donner des coup de fouet aux
banquiers récalcitrants. Tout le monde sait que rien ne va se passer ; on ne voit pas le préfet agir vis-à-vis des agents d’une banque
nationale alors que ces agents sont tenus par leur contrat de travail de respecter la politique de leur direction générale. Il faudra donc des
sortes de super-préfets pour fouetter les directions générales des banques à succursales.
Le président, d'ailleurs, a avoué tout de suite l'inutilité de la réunion puisqu'il a annoncé la création d'un poste central de surveillance des banques sous forme d'un médiateur du nom de René Ricol. Il devra sans doute s’armer d’un fouet dans le quartier de la défense.
C’est juste le contraire de ce qu'il faut faire puisque c'est l'amorce d'une grosse administration : on ne voit pas un seul médiateur avec une
gentille secrétaire surveiller des utilisations de milliards d'euros.
L’on annonce déjà dix collaborateurs !
La deuxième catégorie de personnages était représentée par les trésoriers payeurs généraux. Ils devaient bien rire sous cape, car ces
TPG avec d'autres catégories comme les conservateurs des hypothèques sont célèbres dans le monde entier pour la richesse indue récoltée dans leurs fonctions. Ainsi que beaucoup d'autres, ils sont directement responsables de l'écroulement de l'économie française ; il est facile
pour un économiste de montrer que cet écroulement est relié à cette richesse indue par de multiples fils aussi solides et invisibles que
des fils de soie.
Restaient les banquiers, qui ont dû écouter bouche bée et sagement assis ce qui les menaçait avant même le péché éventuel que peut-être ils
ne commettront pas. Le président toujours fidèle à son orientation gauchiste avait devant lui la vue du beau parc de l'Elysée. Il n'a pas
ouvert la fenêtre, la seule fenêtre qui pourrait guérir à grande vitesse l'économie française en faisant bondir les investissements et les emplois
: la fenêtre de la liberté.
Michel de Poncins