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financiers

  • Copenhague entre gauchistes et financiers

    Source : http://www.insolent.fr/2009/12/copenhague-entre-gauchistes-et-financiers.html

    091221aDans tout scénario hollywoodien qui se respecte, quand les choses tournent mal à l'échelon de la Planète, seul le président des États-Unis peut et doit sauver le monde.

    En observant la neige qui tombait silencieusement, abondamment et impunément sous ma fenêtre, j'avoue n'avoir éprouvé que fort peu de sollicitude pour les gens qui se sont agités à Copenhague autour du réchauffement.

    Et, pour tout dire, leur déception en elle-même pourrait nous réjouir.

    Mais.

    Tout à la joie de contempler l'apparente vanité de leurs piétinements de cette mi-décembre on ne voudrait surtout pas gâcher ici le plaisir du lecteur.

    Voué d'évidence à l'échec, de par la procédure unanimiste suivie, l'accord climatique mondial a cependant gagné deux batailles qu'il eût mérité de perdre.

    La première enregistre le fait de sa légitimité. La voilà désormais majoritairement reconnue. En se dérobant à cette folie, la direction de l'État russe, par exemple, ne s'est pas sentie en mesure de la dénoncer. Partagée par de nombreuses personnes l'opinion réchauffiste, quoique dépourvue de base scientifique véritable, tétanise les gouvernants. Toutes sortes d'activistes monopolisent les tribunes, envahissent les rues, pérorent dans les médiats. Se postant eux-mêmes en experts, en procureurs et en juges, ils ne laissent pas la place à la moindre parcelle de doute. Les pires criminels peuvent recourir aux services d'un avocat. La défense du "système" ne saurait en bénéficier, car bien entendu il faut "faire payer les riches". Le slogan lancé par Maurice Thorez en 1936 prend une dimension mondiale. Le saint-jean-bouche-d'or s'appelle désormais Evo Morales. L'homme du moment, dictatorialement réélu à la tête de la Bolivie, a résumé, bellement et brillamment, la situation : "la cause réelle du changement du climat est le capitalisme". (1) Voilà une analyse saine et simple, et comme aurait pu le dire Christophe Colomb, "il suffisait d'y penser".

    On a entendu réclamer la "justice climatique". Un autre joli slogan est apparu. Il lâchait en quelque sorte le morceau, car la banderole proclamait sans périphrase : "il ne s'agit pas de changer le climat, mais de changer le système".

    Rarement la boucle de l'absurdie et de la colère creuse aura été aussi bien bouclée. Et puisque nous parcourons le riche domaine des citations d'hommes illustres, comment ne pas recourir à Salvador Dali. Oui, nous nous trouvons bel et bien confrontés à "oune entréprisse de crétinissathionne ouniversalle". Tellement plus parlant avec l'accent espagnol…

    Alors on peut s'interroger : à qui profite cet outrecuidant délire ? Où mène-t-il ?

    Et nous en arrivons ainsi à la deuxième victoire réchauffiste : celle du principe d'une indemnisation financière dont certains montants sont déjà fixés pour certaines échéances. Une nouvelle forme de ce qu'on appelait hier l'aide au développement va apparaître.

    Et on se prépare à réactiver de nouveaux flux financiers reversés – au moins : dans un premier temps – aux dirigeants du tiers-monde. Libre à chacun d'en interpréter les parts respectives de la compassion sincère, de l'hypocrisie, de la folie autodestructrice et du plus logique des cynismes.

    Parfois même on s'inscrit dans la sphère des réalités incontournables. La déforestation, les graves atteintes portées à l'écologie de la forêt de pluie, se voient dénoncées par le prince Charles de Windsor. Tel le grand dauphin se réveillant en 1701 pour faire accepter par Louis XIV le testament espagnol, cet éternel fiancé de la couronne propose de "trouver des alternatives durables". On ne peut que l'approuver, sur le principe au moins. Mais on n'omettra pas de souligner que la menace pèse autant et même plus sur l'écologie du Canada que sur celles, spectaculairement évoquées, de l'Amazonie ou de l'Afrique subsaharienne. (2)

    On a dès le départ postulé qu'il fallait, à ce seul titre, verser 7,2 milliards aux structures étatiques du continent noir. De quels budgets déficitaires, de la substance de quels contribuables occidentaux seront tirés ces versements, voila toute la question.

    Or, pour ces sommes, comme pour tous les dispositifs financiers dont les 10 pages d'accords signés à091221b Copenhague ont jeté les bases, vont se créer des fonds hautement spéculatifs destinés à les garantir. Globalement on se prépare à mettre en place des produits financiers, dérivés des redevances carbones. Et, pour ce faire, on retrouve dès maintenant la même cellule de banque Morgan, dirigée par la même mathématicienne, Mme Blythe Masters (3). Le monde lui devait déjà l'invention, agréée par Moody's en 1997, des "dérivés de crédits" CDS, d'où est venue la crise de 2008. Cet échafaudage invérifié et incontrôlable avait été conçu, au départ, comme tel. Il ne s'agissait pas, semble-t-il, d'une grosse erreur mais d'une volonté d'opacité.

    La cellule mathématico-financière avait pu la tester à partir de 1994 avec les indemnités de l'Exxon Valdez, refourguant le risque des énormes indemnités virtuellement (4) à la charge du pétrolier affréteur sur la BERD (5).

    Bien entendu l'irresponsabilité caractérisera le nouveau système. À Copenhague par exemple on est convenu de versements à hauteur de 100 milliards de dollars par an en faveur du tiers-monde à partir de l'année 2020. Que vaudra le dollar et combien de signataires de l'accord se trouveront encore en place ? Nul ne le sait, bien évidemment. Mais la nouvelle usine à gaz aura vu le jour. Quand le dispositif s'écroulera sous l'effet de la fraude, des guerres locales – vous voyez qu'on peut rester optimiste – des défauts de paiement ou simplement des procédures, certains s'aviseront peut-être de regarder les notations des agences monopolistes qui n'ont jamais rien vu venir.

    Madame Blythe Masters aura pris une retraite bien méritée et d'intelligents spéculateurs pourront dire merci aux agités gauchistes de Copenhague.

    JG Malliarakis
    2petitlogo


    Apostilles

    1. Cité par Le Monde du 18 décembre.
    2. Cf son point de vue publié dans Le Monde du 15 décembre.
    3. Très peu de sources francophones évoquent le personnage. Citons les courageuses exceptions : le blogue conservateur de Bernard Martoïa, repris par celui de Claude Reichman. En revanche la littérature de langue anglo-américaine abonde. À consulter : le livre de Gillian Tett, reporter du Financial Times Fool's Gold: How Unrestrained Greed Corrupted a Dream, Shattered Global Markets and Unleashed a Catastrophe.
    4. Finalement, grâce au jugement définitif de la Cour Suprême des USA rendu en juin 2008, la somme des dommages et intérêts à payer par Exxonmobil a été réduite à 500 millions de dollars. Le naufrage lui-même remontait à 1989. L'opération, initiée en 1994, de cautionnement du risque judiciaire aura été profitable.
    5. Théoriquement créé pour aider l'Europe centrale à se débarrasser de l'héritage communiste, cet organisme installé à Londres était dirigé par Jacques Attali. Il fut amené à en démissionner sur un parfum de scandale.