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chômage

  • En guise de voeux: deux questions à nos candidats

    dimanche 31 décembre 2006

    En guise de vœux : deux questions à nos candidats

    C’est un cri répété par quelques sentinelles[1], c’est un appel perdu dans la multitude: prenez garde au cri de ceux qui, solitaires, veillent, pressentant le danger. Prenez garde ! Prenez garde, bientôt la lumière déclinera.

    Le pays n’est pas en danger, il n’y a pas d’ennemis à nos portes, tout va bien, on parle de jardinage, résidences secondaires, d’art de vivre à la française, vacances de Noël, de « vivre » sa retraite, du dernier sujet qui fait fureur, l’écologie. C’est bien connu, les problèmes économiques et financiers n’intéressent pas les Français, ce sont des problèmes comptables secondaires.

    Puisque cette nouvelle année sera une année d’élection présidentielle, il serait peut être souhaitable de poser quelques questions (simples) à nos candidats à la présidence de la République. Je me permets d’en soumettre deux, (qui, Dieu merci, ne seront posées par personne).

    1.      Compte tenu de la dette publique française (nettement supérieure à 66% du PIB si on inclut les retraites des fonctionnaires[2]) que comptez vous faire pour la réduire compte tenu du fait qu’elle est devenue explosive et qu’elle sert de plus à rembourser les charges d’intérêts croissants[3] ?

    2.      Compte tenu du fait qu’il faut un surplus budgétaire[4] pour réduire le poids de la dette et que le poids des prélèvements obligatoires est de 50% du PIB dans notre pays (un des plus élevés du monde), comptez vous réduire le poids de la de la dette par un accroissement de la pression fiscale ou par la baisse des dépenses publiques (y compris les transferts) ?

    Le leader d’un parti politique a déjà pris position d’une manière logique et lucide pour l’accroissement des impôts[5]. Compte tenu que les prélèvements obligatoires représentent déjà 50% du PIB (et non 44% comme c’est mentionné dans l’excellent rapport sur «  La France face à sa dette » (2006) et que ce poids des impôts et charges sociales est le facteur principal du déclin et du chômage français, on comprendra que tout accroissement d’impôts qui sert essentiellement à financer des dépenses de fonctionnaires, des retraites, des préretraites[6] et le service de la dette est en fait régressif sur le plan social. La différence entre le modèle social français et celui des pays nordiques (à fort taux d’imposition) est que le modèle nordique (Danemark, Suède et Norvège) vise à redistribuer en faveur des plus démunis, alors que le modèle social français vise à redistribuer d’abord en faveur des classes moyennes qui possèdent le pouvoir dans ce pays, les ayants droits (« insiders »)[7].

    Les idées économiques en France sont assez simples, elles reposent sur un keynésianisme simpliste, le déficit budgétaire ne peut se diminuer en période de chômage sous peine de l’accroitre. C’est évidemment faux, dans un pays qui connaît un déficit structurel et permanent[8], le chômage ne se réduit pas avec du déficit[9] (et de la dette), mais par une baisse des charges qui pèsent sur les entreprises françaises.

    La France vit au dessus de ses moyens, il faut réduire les dépenses publiques d’abord (tout discours qui vise à dire qu’on va baisser les impôts sans parler de réduction des dépenses d’abord est un discours démagogique). Il serait étonnant que des hommes aussi intelligents que Chirac et Sarkozy ne soient pas au courant de la politique à suivre, pourquoi ne la suivent-ils pas ? Tout simplement parce que la majorité des Français a une main sur l’argent public et ne veut pas perdre ses avantages acquis. La majorité des fonctionnaires et agents publics sortent dans la rue pour n’importe quel motif et cela sans risques, les politiques qui nous gouvernent ou qui veulent nous gouverner n’en sont que trop conscients, le résultat est point de réformes qui fâchent. De quoi va-t-on parler dans ces présidentielles ? de l’écologie, de l’ordre juste[10], de la limite de l’émigration, de la mondialisation qui est, c’est bien connu, responsable de tous nos maux, de l’Euro fort qui pénalise notre compétitivité[11], de la Chine qui exporte en exploitant le travail des enfants, des capitalistes qui gagnent de l’argent en dormant, en d’autres mots on va chercher des boucs émissaires, sans vouloir accepter que le problème et la solution nous appartiennent. On risque d’éviter le vrai problème de la France  : un poids excessif de l’Etat qui se traduit par des dépenses publiques excessives (54% du PIB) et des recettes qui bien que croissantes ne peuvent suivre le rythme des dépenses publiques et donc par un déficit annuel (qui n’est rien d’autre que l’accroissement de la dette publique).

    Maintenant « the party is over », il faut payer. Ce sera, comme le dit fort justement un représentant du parti socialiste, par plus d’impôt (pour payer le service de la dette seulement) et par plus de déclin français.

    Un seul passé détermine un seul avenir, une idéologie socialiste triomphante n’est rien d’autre que le signe d’une grande fatigue et d’un déclin que l’on masque par la civilisation des loisirs, des émissions télévisées stupides, les 35 heures, les préretraites, les emplois subventionnés et qui ne contribue pas à l croissance. On a les leaders que l’on mérite, en Angleterre ils s’appellent Madame Thatcher, Tony Blair, en France ils s’appellent Mitterrand, Chirac et demain… ?

    J’allais oublier le motif de ma lettre : vous souhaiter une bonne et heureuse année (et peut être poserez vous à vos politiques ces deux questions).

    Respectueusement et amicalement

    Claude



    [1] Il faut noter parmi ces sentinelles, Camdessus, la Commission Pébereau , Nicolas Baverez, le Professeur Salin.

    [2] Elle serait égale à la dette des administrations publiques (environ 1000 milliards d’Euro) et donc s’additionnerait à cette dernière, elle représenterait environ entre 1000 ou 490 milliards d’euros suivant la méthode de comptabilisation choisie.

    [3] Ponzi game

    [4] oui un surplus, pas un déficit de 3% du PIB !

    [5] Le stock de la dette publique n’est rien d’autre que la valeur actualisée des impôts futurs.

    [6] qui n’est rien d’autre que le nom pudique donné aux chômeurs cadres.

    [7] C’est la raison pour laquelle le parti socialiste, dont la clientèle est formée essentiellement de fonctionnaires, ne remettra pas en cause ce modèle qui repose sur « toujours plus » pour ma caste, au nom de la solidarité, du patriotisme, de la lutte contre les riches, etc.

    [8] L’erreur est de comparer implicitement la période actuelle où les dépenses publiques représentent 54% du PIB avec la période de Keynes où les dépenses publiques représentaient 20 à 25% du PIB, ce n’est pas le même monde.

    [9] Si c’était vrai, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus de chômage en France compte tenu de notre déficit structurel.

    [10] Qui est pour l’ordre injuste?

    [11] mais apparemment pas celle de l’Allemagne…