L’appel de Ségolène Royal - resté sans réponse - à François Bayrou a exaspéré le PS à la veille d’une nouvelle défaite électorale. L’ex-candidate à la présidentielle, qui vise désormais le leadership de son parti, a commis une faute.
"La politique n’est pas aussi simple qu’un coup de fil." Étrange prise de conscience de la part d’une personnalité aussi aguerrie que Ségolène Royal ! Et pourtant, cette semaine, elle aura sans doute passé le coup de téléphone de trop. Celui que l’on ne manquera plus dorénavant de lui reprocher au PS. Ce qui était concevable dans l’euphorie de l’entre-deux tours présidentiel est, aujourd’hui, redevenu incongru - voire condamnable - en cette période de déroute socialiste. Résultat immédiat : un appel dédaigné par François Bayrou et désavoué par le PS.
Tout se passe comme si l’ancienne candidate à la présidentielle ne semblait pas avoir pris la mesure de sa défaite. Le refus même de toute autocritique tend à le prouver. À la manière de ce que suggérait Lionel Jospin, ce sont les autres qui seraient responsables, tantôt les éléphants, tantôt le parti, et maintenant François Hollande, contesté sans ménagement. Cette absence totale de remise en cause personnelle peut conduire à tous les excès, à l’image de ce coup de téléphone qui sonnera longtemps dans le vide...
Si la nouvelle ambition de Ségolène Royal est de refonder le Parti socialiste, elle devra prendre d’autres chemins. En passant outre toute discipline de parti et en humiliant ainsi l’autorité du premier secrétaire, elle n’aura provoqué, parmi les militants, qu’énervement et parfois même compassion pour François Hollande. Pour les éléphants du PS, cette insupportable indiscipline a déjà pour premier effet de retarder le départ du numéro un du parti, ce qui est considéré comme la plus confortable position dans l’attente du discrédit définitif de la championne des Deux-Sèvres. À la direction du PS, un slogan chasse l’autre : après le "Tout sauf Sarko", voici le temps du "Tout sauf Ségo".