Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Caccomo - Page 7

  • Stupéfaction

     

    Je suis rentré hier de Syrie où j’étais invité par mes collègues de l’Université Arabo-Européenne de Damas. Pendant une semaine, j’étais à l’écart des tumultes d’une campagne présidentielle désespérante, au cœur d’un orient aussi magique que complexe. Dans la république syrienne socialiste, le marché parallèle fait la loi ; alors que les slogans anti-américains soudent l’opinion publique, c’est la langue anglaise qui s’impose parmi l’élite et tout le système universitaire se calque sur le modèle américain. En tout état de cause, la Syrie fait partie de ces pays qui sont arrivés aux limites de l’économie étatisée ; ils sont demandeurs désormais de libéralisation et d’ouverture. Là est l’espérance pour l’orient.

    En Syrie, je fus accueilli comme un hôte de marque et j’ai travaillé dans les meilleures conditions, conditions qu’un fonctionnaire de l’université française n’ose plus imaginer pour son propre pays.

    La France fait-elle partie des pays qui s’obstinent à poursuivre le processus d’étatisation de son économie ? Pourtant là est bien l’impasse.

    A mon retour, j’apprends qu’Edouard Fillias a décidé, au nom du parti qu’il représente, et qui a suscité une espérance parmi certains libéraux (dont je fus), de se ranger autour de François Bayrou. Je ne sais quoi penser. Non pas que je n’apprécie pas Bayrou avec qui j’ai entretenu une correspondance puisque François Bayrou m’a fait l’honneur de réagir à mes chroniques de résistance. Mais la décision est tombée d’en haut, sans consultation de la base militante.

    J’ai accueilli Edouard il y a quelques jours et je lui ai offert mon nouveau livre qui prend une actualité brûlante : « La troisième voie : impasse ou espérance ». Je n’ose imaginer, qu’à la lecture de mon livre, Edouard a décidé que Bayrou incarnait cette espérance. Je ne sais pas non plus si cette décision était arrêtée depuis longtemps.

    Certes, François Bayrou prétend incarner cette troisième voie mais François Mitterrand prétendait incarner le changement.

    Pour moi, la question reste entière : est-ce réellement une espérance ou n’est-ce pas plutôt une impasse ? Ceux qui connaissent mes écrits savent les raisons de mon doute. En effet, le ni-ni, instauré par Mitterrand et consistant à mettre sur le même plan libéralisme et communisme (et reconduit par Jacques Chirac), c’est précisément cette impasse qui consacre et cautionne tous les blocages internes qui neutralisent la moindre tentative de réforme depuis plus de 20 ans. Dans son expérience ministérielle passée à l'éducation nationale, François Bayrou avait l'occasion de s'attaquer à l'un des bastions les plus fermés à toute réforme. J'aurai voulu être convaincu à ce moment là de sa volonté et de ses capacités réformatrices.

    Lorsque les libéraux refusent l’axe gauche/droite, c’est qu’ils ne veulent plus ni de la gauche restée fondamentalement anti-capitaliste, ni de la droite centralisatrice et étatiste. L’alternative libérale, à peine née, est déjà enterrée faute d’avoir entrevue cette nuance fondamentale.

    Jean-Louis Caccomo,

    Perpignan, le 14 mars 2007

    http://caccomo. blogspot. com/

  • Discrimination

    Ou comment une pratique humaine naturelle devient un crime aux yeux des collectivistes et des ingénieurs sociaux.

    A son origine, le Club Méditerranée doit son formidable succès à son marketing touristique innovateur dans une industrie à l'époque balbutiante [1]. En effet, le Club avait comprit que, dans cette industrie comme dans les autres, il était périlleux de se tromper de cible et de mélanger des clientèles par nature hétérogènes. Cette observation est à l'origine de la multiplication des marques pour les biens de consommation ; et elle a donné naissance à la segmentation de clientèles dans les services. On peut juger la publicité nuisible et les marques inutiles mais leur existence démontre que les consommateurs ont un besoin d'identification et de distinction.

    Pourtant, le Club Méditerranée a peu à peu abandonné ce positionnement sélectif qui a fait sa notoriété passée, entérinant une banalisation du produit touristique qui a aussi correspondu à une dévalorisation de la pratique touristique, dont le film « les bronzés » a popularisé les plus beaux (pires) clichés. Ce faisant, le groupe a compris récemment que cette stratégie n'était pas viable dans un secteur en perpétuelle mutation et qu'il était essentiel de reprendre en compte les aspirations des clients, revenant sur une pratique plus discriminante mais aussi plus valorisante. Puisque les gens aspirent à se différencier, les entreprises qui veulent se développer sont obligées de bien connaître leur cible de clientèle pour pouvoir écouler leurs produits. Les viticulteurs français, abrités par une protection illusoire, coulent aujourd'hui pour n'avoir pas compris ce principe élémentaire.

    On ne s'adresse pas de la même manière à X ou Y. Ce n'est pas un jugement de valeur ; c'est un fait. Les économistes savent que les consommateurs se caractérisent par des préférences spécifiques, et que ces distinctions sont de plus en plus fines. Elles ne sont pas liées seulement à la catégorie socioprofessionnelle, l'âge ou le sexe. Chaque individu est unique.

    Si les gens aspirent à se différencier et à ne pas se mélanger à l'aveuglette avec n'importe qui quand ils prennent des vacances, il est raisonnable de penser qu'ils auront les mêmes préoccupations et les mêmes réflexes dans le choix de leur domicile, de leur quartier de résidence, de l'école ou de l'université de leurs enfants.etc. C'est aussi par affinité (par sympathie aurait dit Adam Smith) qui se tissent les relations humaines qui font les liens sociaux les plus solides. Il est légitime que le créateur d'une entreprise choisisse avec qui il veut travailler de la même manière qu'un salarié choisisse son entreprise. Et il est périlleux d'imposer ce choix de l'extérieur, comme si un arbitrage était possible en dehors (ou au-dessus des acteurs concernés). A ce propos, l'imposition des 35 heures au secteur touristique français, au nom d'une vision de l'entreprise qui date de la lutte des classes, va finir de condamner un secteur qui est aujourd'hui déjà bien fragilisé par la mondialisation en cours.

    Cessons de brandir au moindre prétexte les accusations de raciste ou de sexiste quand une décision d'autorité légitime n'arrange pas celui (ou celle) qui la subit. A force de dénigrer l'autorité naturelle (des parents sur les enfants, des patrons sur les salariés, du maître sur l'élève, des professeurs sur les étudiants...), on finit par briser le ciment spontané de l'ordre social comme le montre brillamment Rachid Kaci dans son remarquable livre [2]. Car cette aspiration naturelle choque nos ingénieurs sociaux et autres puissants démagogues pétris de ces diaboliques concepts collectivistes qui inspirent les programmes politiques de nos dirigeants actuels et futurs. Ces derniers, au nom de la mixité sociale, de la lutte contre la discrimination, ou de la peur du communautarisme, veulent forcer les populations à se mélanger à travers les plans d'urbanisation. Ils vont en outre imposer le choix des écoles (et des programmes) à travers la carte scolaire ; ils vont ensuite mélanger les touristes à travers le tourisme social. Dans ce contexte ambigu, les entreprises, qui par souci marketing intègrent la religion ou l'origine ethnique de leurs clients potentiels dans leurs pratiques commerciales, prennent aujourd'hui le risque d'être accusées de discriminations. Et l'on interdira bientôt la photo sur le C.V. pour éviter les pratiques discriminatoires à l'embauche.

    Sans doute, devrais-je un jour consulter une haute autorité avant de choisir mes amis ? Mais rêvons un peu, si l'on empêcher les imbéciles et les hypocrites de faire des carrières politiques ? N'y a t il pas finalement des discriminations nécessaires et utiles ?



    Jean-Louis Caccomo,

    Perpignan, le 24 octobre 2006

    http://caccomo.blogspot.com/



    [1] Caccomo J.L., Solonandrasana B. [2006] L'innovation dans l'industrie touristique. Enjeux et stratégie. Deuxième édition, L'Harmattan, Paris.
    [2] Kaci R. [2006] Lettre ouverte aux démagogues, Edition Broché, Paris.