L’ancien ministre de l’Economie, ex-patron de Démocratie libérale, publie sur son blog un billet dans lequel il écrit tout le mal qu’il pense des propositions économiques et sociales de l’UMP. Décoiffant.
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Pr Dennis Meadows
Source : http://www.lalibre.be/societe/planete/article/702085/croissance-economique-dures-limites.html
Auteur d’un célèbre rapport consacré aux limites de la croissance (lire "Repères"), le Pr Dennis Meadows était de passage à Bruxelles ce mardi dans le cadre des Grandes conférences écologiques. Rencontre.
Nous vivons aujourd’hui une crise économique doublée d’une crise écologique et énergétique. Y voyez-vous les premiers signaux d’une “crise de croissance” ?
C’est assez similaire avec la question de savoir si l’on peut affirmer que l’ouragan Katrina est la preuve du changement climatique. La réponse est non, mais cela concorde avec la théorie du réchauffement climatique. Je pense cependant personnellement que les crises auxquelles nous assistons pour l’instant, par exemple la crise de l’euro, ont un lien avec les problèmes physiques. Je m’explique : quand les gouvernements veulent refinancer leur dette, ils doivent payer des taux d’intérêt de plus en plus élevés. Pourquoi ? Parce que les gens qui prêtent cet argent commencent à s’inquiéter de savoir s’ils seront remboursés. L’endettement est fondamentalement construit sur l’hypothèse de la croissance. Emprunter de l’argent avec un taux d’intérêt se justifie parce qu’avec la croissance économique escomptée, le remboursement devrait être plus facile.
A côté de cela, on voit que la production globale de pétrole n’a pas augmenté au cours des cinq dernières années. On a atteint la période de plateau et bientôt ce sera le déclin. Durant cette période, vous ne pourrez plus avoir la croissance que nous avons connue dans le passé. Cela signifie que cette dette ne sera pas remboursée. Je ne parle pas seulement de l’Europe, mais aussi des Etats-Unis qui ont une dette encore plus importante. Bien sûr, beaucoup d’autres facteurs entrent en jeu, mais il y a un lien très fort. Je pense que les gens ne mesurent pas le rôle de l’énergie dans nos sociétés.
Comment voyez-vous les quarante prochaines années ?
Quand nous faisons tourner notre modèle, quel que soit le scénario, la croissance s’arrête avant la fin du XXIe siècle. Je ne sais pas ce qui va se produire, mais je sais que le monde ne peut pas supporter 7 milliards de personnes avec notre mode de vie actuel. Il pourrait en supporter 7 milliards éternellement s’il n’y avait qu’une poignée de riches et beaucoup de pauvres. Mais si l’on veut que tout le monde ait un niveau de vie satisfaisant, il devrait y avoir seulement deux milliards de personnes environ. Mais je n’ai pas de méthode scientifique pour savoir quelle voie nous choisirons. Je sais que le taux de croissance que nous avons connu ces dernières décennies ne peut pas continuer. Je sais que l’énergie est en train de devenir de plus en plus rare et continuera à le devenir dans les quarante prochaines années à coup sûr. Est-ce que ce sera désastreux ? Peut-être pas. Il y a quarante ans, on utilisait bien moins d’énergie qu’aujourd’hui.
On parle aujourd’hui beaucoup de croissance “verte”, c’est une voie crédible ?
Non. Cela comporte des choses utiles, mais quand quelqu’un parle d’industrie verte, je sais qu’il est fondamentalement plus intéressé par la dimension industrielle que par la dimension écologique. On voit beaucoup d’idées basées sur l’hypothèse que nous ne devrons changer les choses qu’à la marge, mais en créant moins de dégâts. C’est un fantasme. Nous devons procéder à des changements drastiques. La croissance verte est mieux que la croissance noire, mais toutes deux sont impossibles.
Que devons-nous faire pour inverser cette tendance ? Réduire notre consommation ?
Nous allons réduire notre consommation. Cela va se produire, que nous aimions cela ou pas. Nous ne devons pas réduire la population, la population va diminuer. La question est de savoir si nous serons très heureux de la manière dont cela va se produire. Donc, que pouvons-nous faire ? Il y a 2 000 ans, la principale forme de gouvernance était tribale. Et parmi les membres de la tribu, il y avait une série de responsabilités et d’obligations mutuelles. Pas pour des raisons économiques, mais juste parce qu’il fallait assurer le futur de la tribu dans son ensemble. Aujourd’hui, ce sens de la communauté, de l’intérêt général a disparu. Il faut redonner aux gens des structures permettant de retrouver le sens de cette responsabilité collective. Nous ne pouvons pas obtenir les changements nécessaires avec seulement des mesures économiques. Cela demande un changement culturel. Les gens doivent évaluer le rapport coûts-bénéfices de leurs actions sur une période de long terme. Nous avons besoin d’un nouveau système de mesures qui prenne en compte autre chose que l’économique, mais aussi le niveau de bonheur, la qualité de la santé, l’état de l’environnement.
Mais les pays en développement peuvent-ils augmenter la qualité de vie de leur population sans croissance économique ?
Laissez-moi poser votre question différemment : est-il possible d’améliorer le sort des gens pauvres dans le monde sans emprunter la même voie de développement économique qu’actuellement ? La réponse est oui, absolument. Si vous êtes réellement inquiets du sort des pauvres, vous pouvez mettre cinq euros dans une enveloppe et les envoyer en Inde. Pourquoi ne faisons-nous pas cela ? Parce que fondamentalement nous n’en avons rien à faire. Nous savons comment aider les gens pauvres et nous ne le faisons pas. Avec le changement climatique, nous savons parfaitement que ce sont les populations pauvres qui souffrent le plus. Si vous voulez vraiment les aider, agissez pour arrêter le réchauffement climatique.
N’est-il pas trop tard pour inverser la tendance et construire un développement durable ?
Je n’aime pas ce terme, je pense qu’il n’a aucun sens. Il est juste utilisé par beaucoup de gens pour justifier ce qu’ils feraient de toute façon. Je préfère parler de la résilience qui consiste à augmenter sa capacité à absorber un choc. Sans résilience, vous avez le chaos. Et avec le chaos vous perdez les libertés. Le grand challenge au cours des dix ou quinze prochaines années est de s’engager dans ce processus en maintenant un système démocratique. Nous avons besoin que ces choix soient faits par les gens et pas par quelques personnes assises autour d’une table.
Mots clés : Insee
Par Marie Visot
En matière de patrimoine, la France fait le grand écart. Dans une étude publiée mercredi, l'Insee confirme que la richesse est très concentrée. Début 2010, la moitié des ménages vivant en France déclarent posséder plus de 150.200 euros de patrimoine. Ils détiennent ainsi 93% des avoirs (financiers, immobiliers et professionnels, bijoux, œuvres d'art, etc.).
Parmi eux, les 10% de ménages les mieux dotés possédaient au minimum 552.300 euros d'actifs, alors que les 10% les plus modestes se contentent au maximum de 2700 euros - soit 205 fois moins. «Entre 2004 et 2010, les inégalités de patrimoine se sont accrues, le rapport entre le patrimoine moyen des 10% de ménages les mieux dotés et celui des 50% les moins dotés ayant augmenté de près de 10%», constate l'Insee.
En 2010, le patrimoine des ménages est principalement constitué de biens immobiliers (62%), souligne l'étude de l'Insee. En France, six ménages sur dix sont propriétaires de leur résidence principale ou accédants à la propriété. Mais, là encore, les inégalités sont importantes: seuls 22% des ménages, au sein de la moitié des Français les moins riches, sont propriétaires de leur logement, contre la quasi-totalité des 10% des ménages les mieux dotés. À une nuance près: un tiers des ménages propriétaires doivent encore rembourser des emprunts. Si l'on tient compte des sommes que les Français doivent rembourser (pour obtenir le patrimoine net), les inégalités entre propriétaires et non-propriétaires se réduisent, mais chez les jeunes uniquement - les plus âgés ayant terminé de rembourser.
De manière générale, d'ailleurs, le montant du patrimoine détenu par les ménages «croît avec l'âge de la personne de référence jusqu'à 70 ans, puis décroît ensuite», relève l'Insee. La courbe est flagrante: le patrimoine net moyen passe de 32.700 euros pour les familles dont la personne de référence a moins de 30 ans à 345.500 pour les ménages dont la personne de référence a entre 60 et 69 ans. Il retombe ensuite à 259.800 euros pour les ménages les plus âgés. On passe d'une «logique d'accumulation à une logique de désaccumulation», indique l'étude.
Au-delà des effets d'âge et de revenus, les logiques patrimoniales et les motifs d'épargne «diffèrent nettement entre salariés et non-salariés». Les indépendants (agriculteurs, commerçants…) possèdent bien plus que le reste de la population. Par exemple, la moitié des ménages d'agriculteurs détient plus de 642.100 euros. La raison: 45% de leur patrimoine est composé d'actifs professionnels, «pour la plupart directement en lien avec leur activité, et dont ils se défont au moment du passage à la retraite» . Ils sont en outre plus enclins à épargner, à la fois pour pallier à d'éventuelles fluctuations de revenus ou coups durs et pour préparer leur retraite. Chez les salariés, les inégalités sont, sans surprise, importantes entre les cadres et les ouvriers.