La mise en place d’un mécanisme de gestion des crises est une très bonne nouvelle ; elle peut notamment éviter de dépendre trop du cycle politique (cf. élections allemandes et crise grecque…). Les dispositions adoptées dans l’urgence ne changent rien au manque de fédéralisme budgétaire européen. Or, sans fédéralisme l’hétérogénéité de la croissance européenne va s’accentuer et la menace de crise d’insolvabilité budgétaire probablement revenir.
La BCE est officiellement acheteuse en dernier ressort. Même si elle a spécifiée qu’elle stériliserait toute intervention, la BCE ne va-t-elle pas perdre de sa crédibilité anti-inflationniste ?
Le coût potentiel pour les finances publiques respectives de l’Allemagne et de la France est de 4,8% et de 4,5% si le European Financial Stabilization Mechanism est mis en place. Ceci pourrait constituer une prime de risque sur la partie longue. Par ailleurs, les besoins de financement à trois ans des pays membres de l’UEM ne sont couverts qu’à 20% par le fonds UE/FMI…
De tels risques ne sont pas particulièrement favorables à l’EUR/USD. Sans en justifier une chute jusqu’à parité, comme on a pu lire récemment, il suggère un EUR/USD fluctuant dans la zone 1,25/1,30, défavorisé par sa faible croissance et le maintien d’incohérences institutionnelles (fédéralisme, hétérogénéité, zone monétaire non optimale.)
Les marchés obligataires souverains sont pris entre deux feux :
1. Détérioration des finances publiques en cas d’activation du plan d’aide de 440 milliards d’euros et perte de crédibilité de la BCE
2. Contraction violente de l’activité en cas de correction des déficits
Ce second risque est plus important à court terme. Il devrait s’accompagner d’un long statu quo de la BCE et donc se traduire par une courbe des taux pentue : la divergence d’évolution des courbes souveraines européennes et américaines devrait donc perdurer.
Les marchés actions dépendront d’autres facteurs. Les marchés européens pourraient continuer de sous-performer malgré leur évidente sous-évaluation relative. Ils seraient néanmoins tirés globalement par les taux bas, la bonne santé des finances publiques, le retour de l’activité de fusions/acquisitions et le dynamisme de croissance des émergents