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Alain Madelin : "La France est sous perfusion"

Samuel Potier (lefigaro.fr)
21/10/2008 |

http://www.lefigaro.fr/le-talk/2008/10/21/01021-20081021ARTFIG00562-alain-madelin-la-france-est-sous-perfusion-.php

 

L'ancien député et ministre de l'Economie était l'invité du Talk Orange-Le Figaro mardi soir.

A l'écart de la vie politique, Alain Madelin n'entend pas pour autant déserter le débat politique. Démonstration éclatante mardi soir lors du Talk Orange-Le Figaro. Interrogé sur le dernier épisode de la crise financière et bancaire internationale, avec la décision du gouvernement français d'injecter 10,5 milliards d'euros pour recapitaliser les principales banques françaises, l'ancien député et ardent défenseur du libéralisme trouve cette solution «bonne» pour garantir et relancer les prêts aux particuliers et aux entreprises.

«Remettre de l'argent dans les banques pour leur permettre de prêter à l'économie est quelque chose de très sain. C'est un formidable levier pour réoxygéner l'économie réelle», ajoute l'ancien ministre de l'Economie. Les outils à mettre en place «ont été mis en œuvre. On a fait ce qu'il fallait faire. Il n'y aura pas de plan C. On est sous perfusion, reste à savoir combien de temps va durer la convalescence», prévient celui qui rejette avec le sourire l'idée d'Olivier Besancenot de créer «un nouveau service (public) bancaire». «Ça ne mérite pas de commentaires…»

Faut-il davantage de régulation dans l'économie ? «C'est une blague. Il y a 70.000 pages liées à la régulation publiées chaque année aux Etats-Unis. C'est une crise de mauvaise régulation, et ça a été chaotique avant que les politiques ne prennent les bonnes décisions». Il en profite pour cogner contre le principe des subprimes, ce «produit toxique qui s'est répandu. Les subprimes, c'est vraiment une création du marché politique, avec les meilleures intentions du monde. On a voulu forcer les banques à prêter aux pauvres», assène-t-il sans langue de bois.

 

«Il faut refonder l'Etat»

 

Alors que le budget 2009 est discuté actuellement à l'Assemblée nationale, Alain Madelin ne souhaite pas accabler Christine Lagarde et son ministre du Budget Eric Woerth. «Il y a quelques doutes quant à son exécution, mais il sera toujours temps de le rectifier (en prenant en compte une croissance révisée à la baisse, ndlr). C'est un épiphénomène.»

En revanche, il estime que si des responsabilités doivent être engagées, tout le monde doit assumer, jusqu'au sommet de l'Etat. Après l'affaire Kerviel, Daniel Bouton avait en effet sauvé sa tête à la Société générale. Mais Charles Milhaud, lui, a dû démissionner de la Caisse d'Epargne après des pertes de 600 millions d'euros. Alors, la sanction des dirigeants, réflexe sain ou risque de se contenter de bouc-émissaires faciles ? «Je trouve que ceci procède d'une demande de l'opinion. Elle a peur, il faut bien qu'il y ait des coupables et que des têtes tombent à la première occasion. Il faut positiver : je rêve du jour où les acteurs de l'économie diront que les trous budgétaires et de la Sécu ont augmenté, et où la jurisprudence Caisse d'Epargne s'appliquera : le ministre et le président démissionnent». «Mais il faut raison garder», nuance-t-il.

«Le problème, c'est qu'il faut refonder l'Etat», reprend-il plus sérieusement, s'interrogeant également sur son propre rôle. «Je ne vois pas ce que je peux faire d'utile dans le système politique actuel. Mais il est vrai que j'entends tellement de contre-vérités que j'ai envie de revenir dans le débat politique». Sans toutefois revenir dans la vie politique active. Donc pas de candidature aux élections européennes de juin 2009, ni aux régionales de 2010.

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