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Les leçons d’une crise

Personne ne peut dire si le plus dur est désormais derrière nous. Il est difficile d’avoir une vision exacte des événements à chaud, surtout quand les plus grands experts sont eux-mêmes pris en défaut. Il est cependant un fait remarquable : les Etats européens, mobilisés par le président français, vont venir en aide aux banques en leur prêtant de l’argent qu’ils auront eux-mêmes empruntés…aux banques.

Ces événements que nous venons de vivre doivent nous rendre plus modestes, nous incitant à abandonner toute posture par trop idéologique. L’effondrement de l’Union Soviétique a montré au monde entier que l’Etat ne pouvait pas et ne savait pas tout faire. L’omniprésence de l’Etat entraîne son incompétence conformément au principe « trop d’Etat tue l’Etat ». Mais la crise financière mondiale montre de la même manière les limites du marché, le marché ne pouvant pas tout faire tout seul. « Trop de liberté tue la liberté ». Et ce sont précisément les marchés qui en appellent à l’intervention étatique, l’action coordonnée des Etats européens étant saluée par les bourses mondiales. Ce sont également les banques qui sont disposées à prêter de l’argent à l’Etat alors qu’elles ne se prêtent plus entre elles dans ces périodes d’irrationalité collective.

Il convient de prendre en considération ces éléments pour considérer que le sempiternel débat entre plus ou moins de régulation, plus ou moins d’Etat, est largement dépassé. La question n’est pas : faut-il plus réguler ou faut-il moins de régulation dans l’économie ? Mais plutôt : quelles sont les bonnes régulations ? Et comment faire évoluer les régulations alors que l’économie elle-même est en constante mutation, les crises provoquant généralement l’accélération des changements. On doit pouvoir se débarrasser des réglementations qui étouffent le développement économique tout en trouvant les régulations qui empêchent le marché de se nuire à lui-même.

L’économie est un peu comme la médecine : la connaissance de l’objet conduit à faire évoluer l’objet. Autrefois, l’humanité était régulièrement terrassée par des épidémies de peste ; la mortalité infantile était grande et l’espérance de vie courte. Puis nos connaissances médicales nous ont permis de vaincre des maladies et d’allonger la durée de vie. Aujourd’hui, l’homme vit plus longtemps en longue santé mais de nouvelles maladies plus complexes sont apparues face auxquelles la science est pour l’instant sans réponse définitive.

Il en sera toujours ainsi : le progrès fait disparaître des anciens problèmes pour en faire émerger de nouveaux. C’est le propre de l’évolution. Il en est de même de l’économie qui est un phénomène éminemment évolutif, et singulièrement de l’économie de marché dont le dynamisme contribue à sa propre transformation. La crise est un signe de l’évolution de l’économie. L’économie n’est pas au bord du gouffre, elle est en mutation. Il y a plus d’un siècle, quelques pays ont connu la croissance, ce qui a permis d’apporter la prospérité et le bien-être à des populations qui furent condamnées à la misère pendant de nombreux siècles. Aujourd’hui, de plus en plus de pays se sont ouverts à l’économie mondiale, profitant d’un processus de croissance autrefois réservé aux seuls pays occidentaux. Dans le même temps, les processus financiers, technologiques et managériaux se sont grandement complexifiés, évoluant et s’adaptant à l’occasion des crises. Il serait étonnant qu’il en soit autrement alors que des pays aux cultures différentes, aux aspirations différentes, aux histoires différentes, se retrouvent à s’ouvrir à un processus de globalisation économique qui les rend solidaires et interdépendants à une échelle sans précédent dans l’histoire.

Ces phénomènes interpellent la science économique de la même manière que la médecine progresse en voulant s’attaquer aux nouvelles maladies.

Jean-Louis Caccomo

Perpignan, le 14 octobre 2008

http://caccomo. blogspot. com/

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