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  • Tunisie, Egypte: l’oubli et le sursaut

    Source : Le Temps

    Le soulèvement du peuple tunisien, le climat d’insurrection en Egypte sont difficiles à interpréter, tant nous avons été surpris par la rapidité avec laquelle des gouvernements autoritaires ont été ébranlés. Ces régimes donnaient l’illusion d’une sécurité à toute épreuve de la rue et bénéficiaient d’un soutien implicite des pays occidentaux. Les dictatures arabes nous ont valu beaucoup de compromissions dans l’espoir qu’elles nous protégeraient de l’intégrisme musulman et accepteraient de sécuriser notre approvisionnement énergétique. Nous comprenons que cette assurance était surfaite et dangereuse.

    Car les peuples qui se révoltent témoignent d’une violence intérieure que nous n’avons pas voulu voir, ni entendre. L’obsession sécuritaire des régimes arabes est devenue illégitime car «ils ont failli à leur devoir de protection des individus», ainsi que l’écrivait avec prémonition (2009) le «Rapport arabe sur le développement humain» des Nations unies. Les Etats protègent d’abord des minorités de classe (armée, police) ou des fidèles associés aux différents leviers du pouvoir. Les économies arabes, à de rares exceptions près, ont régressé ces vingt dernières années. Ainsi, l’Egypte et la Tunisie sont moins industrialisées qu’en 1970 (!) et l’industrie des services (tourisme) génère des plus-values faibles et mal réparties. Leurs dirigeants, qui au lendemain de l’indépendance ont nationalisé de larges pans de l’économie, ont certes lancé de petites réformes mais ils ont surtout maintenu des privilèges et passe-droits qui les assurent d’une rente captive. Les anciennes bourgeoisies ont pour la plupart été détruites et la jeunesse désespère de trouver un emploi décent dans des économies de subsistance. Le malaise social n’a fait que grandir et s’aggraver alors même que le discours politique est discrédité par ceux qui ont fini par oublier les aspirations les plus élémentaires de leur population.

    Le danger intégriste existe mais nous manquerions de lucidité et d’intelligence en ne saluant pas à sa juste valeur le sursaut sincère de peuples que le cynisme géopolitique préférait ignorer sous prétexte d’une guerre juste contre l’islamisme. Or, l’histoire nous donne une leçon: les dictatures sont par nature instables et leur défaite la seule issue acceptable, l’unique chemin vers la démocratie dont l’universalité sort grandie par le courage de milliers d’hommes et de femmes en colère.

  • Tunisie, Egypte: l’oubli et le sursaut

    Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ce6ce9c4-3239-11e0-9581-5c80251fb044/Tunisie_Egypte_loubli_et_le_sursaut

    Le soulèvement du peuple tunisien, le climat d’insurrection en Egypte sont difficiles à interpréter, tant nous avons été surpris par la rapidité avec laquelle des gouvernements autoritaires ont été ébranlés. Ces régimes donnaient l’illusion d’une sécurité à toute épreuve de la rue et bénéficiaient d’un soutien implicite des pays occidentaux. Les dictatures arabes nous ont valu beaucoup de compromissions dans l’espoir qu’elles nous protégeraient de l’intégrisme musulman et accepteraient de sécuriser notre approvisionnement énergétique. Nous comprenons que cette assurance était surfaite et dangereuse.

    Car les peuples qui se révoltent témoignent d’une violence intérieure que nous n’avons pas voulu voir, ni entendre. L’obsession sécuritaire des régimes arabes est devenue illégitime car «ils ont failli à leur devoir de protection des individus», ainsi que l’écrivait avec prémonition (2009) le «Rapport arabe sur le développement humain» des Nations unies. Les Etats protègent d’abord des minorités de classe (armée, police) ou des fidèles associés aux différents leviers du pouvoir. Les économies arabes, à de rares exceptions près, ont régressé ces vingt dernières années. Ainsi, l’Egypte et la Tunisie sont moins industrialisées qu’en 1970 (!) et l’industrie des services (tourisme) génère des plus-values faibles et mal réparties. Leurs dirigeants, qui au lendemain de l’indépendance ont nationalisé de larges pans de l’économie, ont certes lancé de petites réformes mais ils ont surtout maintenu des privilèges et passe-droits qui les assurent d’une rente captive. Les anciennes bourgeoisies ont pour la plupart été détruites et la jeunesse désespère de trouver un emploi décent dans des économies de subsistance. Le malaise social n’a fait que grandir et s’aggraver alors même que le discours politique est discrédité par ceux qui ont fini par oublier les aspirations les plus élémentaires de leur population.

    Le danger intégriste existe mais nous manquerions de lucidité et d’intelligence en ne saluant pas à sa juste valeur le sursaut sincère de peuples que le cynisme géopolitique préférait ignorer sous prétexte d’une guerre juste contre l’islamisme. Or, l’histoire nous donne une leçon: les dictatures sont par nature instables et leur défaite la seule issue acceptable, l’unique chemin vers la démocratie dont l’universalité sort grandie par le courage de milliers d’hommes et de femmes en colère.