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LA POLITIQUE ETRANGERE, L’OUBLIEE DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE ?

Gabriel Lévy

01 février 2007.

Il est admis que l’élection présidentielle ne se gagne pas sur des sujets de politique étrangère comme si pour les Français l’avenir de la planète (et le leur) n’était inscrit que dans les programmes de Monsieur Hulot et non dans ceux des pays qui disposeront d’armes terrifiantes.

Le sujet est pourtant d’importance et ne doit pas être traité uniquement par des railleries à propos des faux-pas de Madame Royale. En bref, la « rupture », naguère préconisée par M. Sarkosy, concernera-t- elle également notre politique étrangère ? Il semble que la réponse soit affirmative car « il ne croit pas à ce qu’on appelle la Realpolitick qui fait renoncer à ses valeurs sans gagner un seul contrat » [1].

 « Rupture » ou « Révision », la démarche est urgente car même si nos moyens sont limités, nous pouvons mieux les utiliser.

DES MOYENS LIMITES

Depuis 50 ans, nos présidents confondent le rôle de la France avec les démonstrations de considération qui sont faites à leur personne… surtout en remerciement de leurs libéralités. Ils tentent de nous convaincre que la France a quelque ressemblance avec ce coq qui croyait que, sans son cocorico, le soleil ne se lèverait pas.

Or, nos concitoyens ont déjà admis que la France était un nation de moyenne importance, non négligeable certes, mais que vouloir en faire le phare du monde, était une utopie dangereuse pour elle et pour la civilisation à laquelle nous appartenons. Dangereuse, car « l’ambition dont on n’a pas les talents est un crime » [2]

DES RESULTATS INEXISTANTS

Dit autrement : la France court après « un rôle d’intercesseur au service de causes qui la dépassent et d’intérêts qui lui sont étrangers » [3].

Et dans cette course désordonnée, elle finit par oublier ses grands principes et devient incohérente : donneuse de leçons sur les droits de l’homme, mais indulgente à l’égard de ses alliés commerciaux, la Russie, la Chine et la Turquie [4] ; amie des régimes dictatoriaux africains, cupides et parfois sanguinaires ; mondialiste, alter-mondialiste, mais ombrageuse dès qu’il s’agit de sauvegarder « l’exception française » ; européenne, mais suffisamment attachée à la défense de son pré carré pour refuser la libéralisation des services et défendre âprement les avantages que lui procure la politique agricole commune.

L’incohérence est manifeste lorsque l’amitié des princes, surtout lorsqu’ils sont riches et fastueux, sert de fondement à nos relations d’Etat. Le plus souvent, ces amis-là ne sont pas des démocrates. Qu’importe ? « Les dirigeants arabes ont parfois des méthodes qui ne sont pas les nôtres. Mais je me refuse à juger les régimes politiques à l’aune de nos traditions, au nom de je ne sais quel ethnocentrisme » [5]. Cette « stratégie » nous a-t-elle réussi pour autant ?

Echec, notre politique insuffisamment équilibrée dans le conflit israélo-palestinien ; échec, notre tentative pour éviter la guerre d’Irak, pour empêcher les tueries au Tchad ; illusoire, notre désir de promouvoir un multilatéralisme sous l’égide de l’ONU. Le Soudan est sourd à ses injonctions et on meurt au Darfour par centaines de milliers !

Avons-nous au moins reçu la monnaie de notre pièce ? Assurément non : nos ressortissants ne sont pas à l’abri des rapts en Irak, en Iran, dans la bande de Gaza et leur libération est obtenue au prix de l’humiliation et probablement du paiement d’une rançon. Or, il n’y a pas de marchandage sans complicité. En définitive, la position singulière de la France, ainsi qualifiée par ses ministres des affaires étrangères, ne l’a jamais préservée du terrorisme : attentats ou détournement sur son propre territoire, assassinat de nos soldats et de notre ambassadeur au Liban, assassinat de cadres Français au Pakistan, attentat contre un bateau Français en Mer Rouge.

DES POSTURES DANGEREUSES

Il n’est pas douteux que l’arrêt imposé de la guerre au Liban et la surveillance inefficace de l’application de la résolution 1701 (élaborée par la France) profitent au Hezbollah et à l’Iran ; que cette posture entraînera probablement la chute du premier domino, le Liban. Les fonds si largement accordées par les contribuables français ne serviront plus alors à enrichir certains entrepreneurs, mais à armer le terrorisme. Bientôt, il ne restera plus rien de la présence chrétienne en orient.

Le multilatéralisme – notre version soft de l’anti-américanisme - est contre-productif. Il a pour effet de neutraliser, d’inhiber ou de retarder tout esprit de résistance, d’aboutir à l’armement psychologique des adversaires de nos démocraties. Notre actuel président, présenté comme « l’homme qui n’aimait pas l’occident » [6], se comporte comme s’il négligeait le risque d’un isolement définitif du peuple américain. «Ceux qui dénoncent son impérialisme risquent de regretter bientôt son indifférence » [7]. Aurons-nous alors les moyens de nous dispenser du bouclier anti-nucléaire américain ?

LA REVISION EST DEVENUE INDISPENSABLE.
 
Elle doit porter sur 4 points principaux :

1°) Il faut réviser notre comportement à l’égard de l’ONU en admettant l’apparent paradoxe selon lequel l’ONU actuelle ne sert pas la paix dans le monde, mais lui nuit. La plupart des 192 états qui la composent n’a pas de régime démocratique, ne répond pas aux critères des nations civilisées, ne respecte ni les droits de l’homme, ni ceux de la femme, accepte ou fomente des guerres tribales et religieuses. Or, ces états forment des majorités systématiques et contraignantes sur des critères idéologiques ou religieux auxquels nous ne devons pas souscrire. Subrepticement, mais dangereusement, nos démocraties irrésolues sont amenées, pour leur complaire, à se soumettre en votant des résolutions partisanes ineptes. Nous devons cesser de le faire ;

2°) Il ne faut pas pactiser avec les idéologies nocives issues du marxisme en Amérique du sud, alors même qu’elles tendent justement à disparaître en Asie ;

3°) Il faut admettre l’existence d’un conflit entre la civilisation et la barbarie. « Si tu ne vois pas ce qu'il faut craindre, tu ne survivras pas » [8] ;

4°) Enfin, et évidemment, il faut accroître la solidarité avec nos alliés naturels, ceux qui partagent notre mode de vie, notre respect des libertés et de la laïcité. Le multilatéralisme, dans la charrette de l’ONU, ne conduit pas seulement à une impasse, c’est un péril redoutable.

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1-     In André Gluckmann, Le Monde du 29 janvier 2007.

2-     Le 29 juillet 1830, Chateaubriand écrivait à Madame Récamier : «  M. de Polignac est bien coupable. Son incapacité est une mauvaise excuse. L’ambition dont on n’a pas les talents est un crime ».  In : François Mauriac, Mémoires Politiques, janvier 1939.

3-     M. Dupont-Aignan, député français. Le Point 22 août 2003.

4-     « Au nom de l’efficacité, il refuse des années durant de voter les résolutions de l’ONU qui condamnent la Chine pour violation des droits de l’homme ». Coudurier, le Monde selon Chirac, Calmann-lévy, Paris 1998,  p 182. In Eric Aeschlmann et Christophe Boltanski, Chirac d’Arabie, les mirages d’une politique française 2006, p 298.

5-     In Chirac d’Arabie ; op cit,  p 298.

6-     Chirac d’Arabie ; op cité, page 31

7-     Nicole Bacharan, auteur de « Faut-il avoir peur de l’Amérique ? » (Seuil). Le Figaro du 11 novembre 2006.

8-     « Face à l’Islam radical, l’Europe est comme un dattier qui se dépouille ». Ayaan Hirsi Ali, ancienne députée au parlement néerlandais. Le Figaro Magazine du 18 novembre 2006.

 

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