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  • La faillite de la Grèce

    Dans le cadre du plan d'aide à la Grèce décidé l'année dernière, le FMI vient de faire connaître son refus de payer une tranche de 3,3 milliards d'euros à Athènes au mois de juin. Il veut plus de garanties sur le remboursement de ce prêt. Le Premier ministre grec, Georges Papandréou, affirmait il y a quelques jours que si 12 milliards d'euros n'étaient pas débloqués au plus vite, la Grèce sera en faillite dès juillet prochain. "Aucun salaire, aucune retraite et aucune obligation de l'Etat ne pourront plus être payés".

    C'est le classique défaut de paiement que tous les marchés redoutent et l'éventualité que tous les sherpas de l'économie européenne écartent catégoriquement.

    Vous souvenez-vous de l'enchaînement des symptômes qui ont précédé la faillite de l'Argentine fin 2001 ? Outre une monnaie trop forte parce qu'arrimée (très artificiellement) au dollar, le pays fut victime d'une fuite massive des capitaux -- libellés en dollar naturellement. Cette fuite siphonna les réserves de change et les liquidités détenues par les banques locales. Ce n'était pas l'argent du petit peuple qui désertait lâchement la mère-patrie mais bien celui des grandes fortunes et des entreprises. Elles avaient compris que l'Argentine -- surendettée en dollar -- s'enfonçait dans une impasse. Le point de non-retour avait été franchi avec la perte d'appétit pour le risque des investisseurs internationaux et le renforcement du dollar suite aux événements du 11 septembre. Lorsque l'Argentine fit défaut, pas moins de 150 milliards de dollars avaient été transférés à l'étranger.

    Mais le facteur déclenchant fut -- il est crucial de s'en souvenir -- le refus du FMI d'accorder un nouveau prêt de 1,3 milliard de dollars à l'Argentine, destiné à payer les intérêts de la dette qui devaient être versés début 2002. La justification du FMI fut de sanctionner une politique économique qu'il jugeait inadaptée. Ce qui est plutôt ironique étant donné que l'Argentine ne faisait qu'appliquer les directives édictées par ce même FMI au début des années 90 -- notamment l'arrimage au dollar, devenu un choix mortel.

    La fuite des avoirs grecs en Suisse

    A quoi assistons-nous aujourd'hui ? A la menace d'une défection du FMI si la Grèce ne brade pas volontairement ses actifs générateurs de cash et son stock d'or (que les Européens réclament en garantie) ainsi qu'à une fuite éperdue des capitaux détenus par les grandes fortunes helléniques. Selon la Banque centrale grecque, pas moins de 38 milliards d'euros sont partis sous d'autres cieux l'an passé et le phénomène s'accélère en 2011. Certains retraits ont même plusieurs fois dépassé les 1,5 milliard d'euros en 24 heures. Ainsi, les banques locales voient s'évaporer leurs fonds propres de manière plus qu'alarmante.

    Selon le secrétaire d'Etat au ministère grec des Finances, Dimitris Kouselas, pas moins de 280 milliards d'euros ont pris le chemin des banques privées helvétiques depuis 2003. Cela représente plus de 60% du PIB de la Suisse en 2010, pour vous donner une idée de l'échelle des transferts. La totalité des sommes transférées à l'étranger représente probablement plus que les 344 milliards d'euros de la dette grecque.

    Si nous calquons le scénario des dernières semaines précédant le défaut de paiement de l'Argentine (et la destruction de 53% de la valeur des créances détenues sur ce pays) sur ce que nous observons depuis le début de l'année en Grèce, le diagnostic est sans appel. M. Papandréou a bien raison d'affirmer que son pays connaîtra une faillite avant le milieu de l'été. Beaucoup de ses (riches) concitoyens l'ont déjà anticipée, les marchés l'ont pratiquement actée (avec des taux à deux ans à 27%) et une bonne partie du peuple grec semble la souhaiter. Ils sont bien convaincus que 10 ans -- voire 20 ans en cas de reprofilage de la dette -- de sacrifices jamais suffisants et le pillage des dernières richesses négociables (aéroports, distribution d'électricité, complexes touristiques, loterie nationale...) ne suffiront pas à rétablir la situation, sauf à considérer que le malade doit mourir guéri.

    A défaut d'ouvrir un compte à numéro, il convient de vous couvrir dès maintenant contre une défaillance de plus en plus probable en Europe